À 38 jours de la date du scrutin pour les élections municipales, les principaux candidats commencent à s'envoyer des piques. Outre la rivalité entre le candidat du pouvoir et ceux de l'opposition, ces derniers semblent aussi se livrer à des joutes verbales quelque peu tendues.
Tirer la couverture de l'opposition. C'est sûrement l'une des principales préoccupations de la plateforme Firaisankina à trois semaines de l'ouverture officielle de la campagne électorale pour les élections communales et des conseillers communaux du 11 décembre. Depuis ce jeudi, entre les deux principales forces de l'opposition, la tension est montée d'un cran. Après les accusations des élus Firaisankina, Tahina Razafinjoelina, candidat du Tia Tanindrazana, soutenu par l'autre plateforme de l'opposition, le Kôlekitifa an'ny Malagasy, s'est défendu en soutenant que sa position politique n'a pas bougé d'un iota depuis 2009. Il revendique son appartenance à une « opposition constructive ».
Usurpateurs
« Sept candidats sont en lice pour les municipales à Antananarivo, mais un seul représente l'opposition. Il s'agit de Tojo Ravalomanana , a avancé Todisoa Andriamampandry, député Firaisankina du 6ème arrondissement de la capitale, lors de l'inauguration du QG central du candidat du parti Tiako I Madagasikara, à Bel'air, ce jeudi. Ce qui sous-entend que ceux qui parlent au nom de l'opposition en dehors du Firaisankina et son candidat sont des usurpateurs. « Il y a ceux qui disent qu'ils appartiennent à l'opposition, mais il ne faut pas les écouter et se laisser tromper. L'opposition n'a qu'un seul candidat, il s'agit de Tojo Ravalomanana », a d'ailleurs poursuivi le député. On avance même dans le camp de Tojo Ravalomanana que « Tahina Razafinjoelina n'est que la marionnette du pouvoir, et payé afin de disperser les voix pour faire gagner la candidate orange ».
Pseudo-opposant
Très actif durant ces quelques semaines de précampagne, la vraie motivation de Tahina Razafinjoelina intrigue les ténors de la plateforme Firaisankina qui commencent à s'inquiéter. Les réactions du co-leader du Kôlekitifa an'i Malagasy ne se font pas attendre. « Je connais beaucoup de choses mais j'ai toujours choisi le silence par respect », a avancé Tahina Razafinjoelina, tout en indiquant « on m'accuse d'être un pseudo-opposant alors qu'au sein de l'Assemblée nationale, il n'y a aucune forme d'opposition et ils ne font que se battre pour leurs intérêts, ne se souciant même pas des problèmes sociaux qui malmènent les Malgaches ».
Tahina Razafinjoelina accuse même certains membres de la plateforme Firaisankina d'être à l'origine de l'échec du mouvement du Collectif des candidats durant les mois d'octobre et novembre 2024. Il déplore néanmoins que le débat politique se trouve à un tel niveau. Avec son long passé aux côtés de l'ancien président Marc Ravalomanana et son affinité avec le parti TIM, on peut croire que Tahina Razafinjoelina dispose d'informations qui peuvent mettre à mal le Firaisankina. Il a fait entendre qu'il privilégiait toujours le respect et le Fihavanana entre lui et ses compagnons d'infortune.
Menace réelle
Quoi qu'il en soit, avec l'impopularité du régime actuel qui monte en flèche et la culture politique tananarivienne, en se comportant souvent comme étant une ville frondeuse, les deux forces de l'opposition essayent de défendre leurs positions. En tout cas, cette situation fait le bonheur des « Oranges ». Alors que ces derniers ont du mal à défendre le bilan du maire sortant ainsi que ceux des deux présidents de la Délégation spéciale de la Commune urbaine d'Antananarivo, leur principal argument est qu'il faut choisir le candidat du pouvoir pour espérer le développement.
Cette ambiance malsaine entre candidats de l'opposition peut ainsi profiter à la candidate Isika Rehetra Miaraka amin'i Andry Rajoelina (IRMAR) qui a du mal à trouver ses marques après une semaine de précampagne. Ce qui est également sûr, c'est que la dispersion des voix est une menace réelle autant pour Tojo Ravalomanana que pour Tahina Razafinjoelina même s'ils peuvent s'appuyer sur leurs propres bases politiques. Face à tout cela, celui ou celle qui arrivera à convaincre les 74% de Tananariviens, les abstentionnistes chroniques, à se rendre aux urnes le 11 décembre sortira vainqueur de cette course qui s'annonce serrée.