Ile Maurice: «Notre arrestation est clairement une attaque politique», dit Jameer Yeadally

Après avoir passé une nuit en détention sous la Prevention of Terrorsim Act, Sherry Singh, ex-Chief Executive Officer de Mauritius Telecom (MT), Nadeem Varsally, réalisateur, comédien et concepteur de la page Crazy TV sur Facebook, Leevy Frivet, responsable de communication de la plateforme One Moris, Jameer Yeadally, ancien attaché de presse du ministre sortant Anwar Husnoo et Kaviraj Ramjhuria, un informaticien, libérés sur parole, samedi soir, ont poussé un ouf de soulagement, hier.

L'accusation provisoire de terrorisme, qui avait été retenue contre eux, a été rayée en cour de district de Port-Louis. Par contre, la seconde accusation de computer misuse utilisation de faux profil est maintenue. Les suspects ont dû fournir une caution de Rs 80 000 pour obtenir leur liberté conditionnelle. Leur homme de loi compte venir de l'avant avec une motion pour faire rayer cette deuxième accusation.

Ce développement survient sur la base de proprio motu. Le magistrat Prashant Bissoon a décidé, de sa propre initiative et sans avoir été saisi, de rayer la charge de terrorisme, n'étant pas satisfait des explications fournies par l'enquêteur de la Major Crime Investigation Team (MCIT) Sud dans cette affaire pour justifier une telle accusation contre les suspects. Le magistrat Bissoon a demandé à l'enquêteur quels étaient les motifs pour mettre une telle accusation. «Police believes that the accused post tapped call by making use of fake profile», a déclaré le policier au magistrat. Or, ce dernier a alors fait ressortir que pour justifier un acte de terrorisme, il faut y avoir l'utilisation d'arme ou d'explosif.

«Unlawful arrest»

Sherry Singh, Nadeem Varsally, Leevy Frivet, Jameer Yeadally et Kaviraj Ramjhuria avaient été arrêtés vendredi par les hommes de la Special Striking Team après le statement de Yassin Buglow, ancien membre de One Moris, qui avait expliqué qu'il avait été approché pour rejoindre One Moris et qu'il a eu plusieurs rencontres avec Sherry Singh. Lors de ses rencontres avec ce dernier, il a allégué avoir remarqué des individus manipulant des vidéos dans le bureau de l'ex-CEO de MT. Nadeem Varsally est représenté par Me Lovena Sowkhee, Jameer Yeadally a retenu les services de Me Shameer Hussenbocus, Leevy Frivet a retenu les services de Me Jean-Claude Bibi alors que Sherry Singh était représenté par Meᣵ Urmila Boolell, Senior Counsel, et Rouben Mooroongapillay.

À sa sortie de cour, hier, Leevy Frivet, ancien journaliste et ex-attaché de presse du ministre du Travail sortant, Soodesh Callichurn, dit avoir été victime d'une «unlawful arrest» et compte consulter ses avocats pour réclamer des dommages. «C'est inacceptable. Je ne peux laisser cette situation ainsi. Je suis un citoyen respectueux des lois. Je suis pasteur d'une congrégation, cela a des répercussions sur notre communauté, sans oublier le traumatisme qu'a connu ma famille. J'enseigne le pardon et condamne la rancune. Nous sommes dans un État de droit. Chacun doit assumer ses responsabilités. On m'a arrêté sans raison, seulement parce que je travaille pour Sherry Singh. Est-ce que cela fait de moi un terroriste ? Pourquoi lorsque je travaillais, dans le passé, avec le ministre Callichurn, on ne me considérait pas comme un terroriste ? Je prêche à Maurice, à Madagascar et aux États-Unis. Cette arrestation a été néfaste. Bien que les charges aient été annulées, le tort qui m'a été causé, de même qu'à mon entourage, est grave.»

Jameer Yeadally explique que la justice a primé. «C'est aberrant que l'on puisse mettre une telle charge sur notre dos. C'est la volonté de Dieu et la justice qui ont primé. L'annulation des charges par manque de preuves montre que la justice peut prévaloir, malgré les tentatives de complot pour incriminer des innocents. Notre arrestation est clairement une attaque politique.» Il est revenu sur sa démission comme attaché de presse du ministre sortant Anwar Husnoo et a expliqué qu'il a été poussé à la démission de son poste d'attaché de presse suite aux incidents de La Citadelle. Il raconte qu'il a agi comme whistleblower et avait donné des informations à la police à l'effet qu'il y avait des incidents mais il s'est retrouvé dans la peau de l'accusé et est devenu un bouc émissaire.

Sherry Singh a aussi remercié la justice, ses avocats et tous ceux qui l'ont soutenu. «Mo remersie mazistrat Cassamally ki finn gard lakour ouver dan lintere liberte enn dimounn ek mazistra Bissoon. Mo remersie osi biro DPP ki enn ranpar kont linzistis ek ki finn ena kouraz pou dir ki pa ena okenn prev kont nou. Li malere ki kat fami finn soufer ek inpakte zis akoz enn dimounn so statement. Mo pa ti trakase ditou lor sa akizasion-la. Tou dimounn ki pe moulougande, li bon mem si zot pe kit pei parski enn zour, pou bizin rann kont (NdlR, il fait allusion à son accusateur qui aurait apparemment quitté le pays).»

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