Paris — Grâce à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a franchi des étapes importantes dans le cadre de son chantier "ambitieux" de transformation digitale, a affirmé, mardi à Paris, Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée auprès du Chef du gouvernement, chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l'Administration.
«Nous sommes en train de renforcer ces acquis à travers la stratégie nationale "Maroc Digital 2030" qui consacre une part importante à l'Intelligence artificielle (IA)», a souligné Mme El Fallah Seghrouchni, qui intervenait en visioconférence depuis Rabat à une rencontre sur « l'IA et l'éthique », organisée dans le cadre de la Semaine Arabe au siège de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).
Lors de cette rencontre, qui s'est déroulée en présence notamment de diplomates accrédités auprès de l'institution onusienne, dont l'ambassadeur-délégué permanent du Royaume du Maroc, Samir Addahre, la ministre a expliqué l'intérêt accordé à l'IA et à son utilisation éthique dans la stratégie nationale de transition numérique par sa capacité d'accompagner la digitalisation des prestations publiques offertes aux citoyens et aux entreprises et le développement de l'économie numérique.
L'Intelligence artificielle permet en effet d'encourager les acteurs nationaux à développer des offres de services à forte valeur ajoutée, en plus de l'attraction d'opérateurs internationaux du secteur, a indiqué Mme El Fallah Seghrouchni, qui estime que le développement de l'IA reste tributaire de la formation de compétences dans ce domaine, la promotion de la recherche scientifique de manière à favoriser des solutions technologiques avancées, et le renforcement de la coopération et de partenariats avec les pays, les institutions et les centres mondiaux d'excellence pour bénéficier des meilleures pratiques.
Conscient du rôle crucial que pourrait jouer l'IA dans la concrétisation des Objectifs du développement durable (79%, selon les estimations), le Maroc ne néglige pas, pour autant, le fait qu'elle pourrait aussi constituer une arme à double tranchant, a relevé la ministre qui insiste sur l'impératif de l'utiliser de manière "éthique et responsable".
Mme El Fallah Seghrouchni a saisi cette occasion pour mettre en avant les progrès réalisés par le Maroc en la matière, rappelant que le Royaume abrite le premier Centre IA de catégorie II de l'UNESCO en Afrique. Baptisé « AI Mouvement », il a été reconnu centre d'excellence dans le domaine de l'IA et des sciences de données au niveau du continent africain, rappelle-t-on.
« Nous sommes parfaitement conscients des défis de cette initiative qui exige un travail continu en associant les différents acteurs des secteurs public et privé, l'écosystème numérique et les académiciens, ainsi que la coopération avec les pays africains et arabes, pour obtenir des résultats à la hauteur des aspirations de nos peuples », a-t-elle assuré.
En outre, la ministre a fait remarque que le Maroc a été l'un des premiers pays à s'aligner sur la recommandation de l'UNESCO sur l'éthique de l'intelligence artificielle, ce qui reflète l'engagement du Royaume à mettre en oeuvre cette recommandation qui vise à tirer profit de la technologie IA tout en limitant ses potentiels risques.
Elle a aussi cité les conclusions du Rapport UNESCO d'évaluation de l'état de préparation du Maroc à l'IA qui souligne que le Royaume a développé son écosystème digital, en particulier concernant la connectivité, l'accès aux données, la cybersécurité et la protection des données personnelles. Ce sont autant d'éléments importants pour aborder la question de l'Intelligence artificielle, selon la ministre qui note aussi que le Maroc est classé, d'après le rapport, 35ème pour l'Open Data Watch 2022 (parmi 195 pays).
Les conclusions du rapport ont été détaillées lors de la rencontre dans le cadre d'une intervention de Zineb Hallouly, chargée de mission au ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, axée sur « l'éthique de l'IA et les réalisations du Maroc dans ce domaine ».
La conférence a été notamment une occasion pour les intervenants représentant différents pays arabes de partager leurs expériences dans le domaine de l'IA, mettant l'accent sur les défis d'une utilisation éthique et responsable de cette technologie au service du développement durable.
La première édition de la Semaine Arabe, organisée par le Groupe arabe de l'UNESCO, avec le soutien de l'Arabie saoudite, s'assigne pour objectifs notamment de renforcer le statut de la culture arabe au sein de l'organisation onusienne, de développer de nouveaux partenariats entre les pays arabes, l'UNESCO et d'autres États membres, ou encore de promouvoir le dialogue interculturel et la compréhension mutuelle.