Dakar — Le Sénégal doit davantage intégrer la question de la vulnérabilité climatique à ses politiques publiques pour donner corps à son ambition de devenir un pays à revenu intermédiaire à l'horizon 2050, a déclaré, mardi, à Dakar, la chargée des projets environnement à la Banque mondiale, Arame Tall.
"L'agenda 2050 du gouvernement ne saurait être réaliste sans la prise en compte de la vulnérabilité climatique du Sénégal", a-t-elle dit lors du lancement officiel du Rapport sur le climat et le développement (CCDR) de la Banque mondiale.
"Pour atteindre cet objectif, a insisté Arame Tall, il faudra prendre en compte la dimension climatique et au moment où le Sénégal de 2050 se met en place, l'intégration de la vulnérabilité climatique du pays requiert un changement de paradigme".
L'intégration de la problématique de la vulnérabilité climatique doit aller de pair avec la conduite d'un certain nombre de réformes visant l'accélération du taux de croissance, l'augmentation du PIB et la réduction des inégalités et de la pauvreté, a-t-elle indiqué.
Le ministre de l'Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, ainsi que plusieurs officiels du bureau régional de la Banque mondiale étaient présents au lancement de ce rapport selon lequel "75%" des côtes sont sous la menace de l'érosion côtière.
"À Dakar seulement, la population est exposée aux inondations d'ici à 2050, et 65% de la population du pays, à l'horizon 2050, risque d'être inondée", a-t-elle ajouté, citant ce rapport.
Selon Arame Tall, "le coût de l'inaction face à ces phénomènes naturels n'est plus une option pour des pays comme le Sénégal".
"Sans effort d'adaptation aujourd'hui, le coût sera plus élevé et le Sénégal risque de perdre 3 à 4% de son produit intérieur brut à l'horizon 2030, donc d'ici à 5 à 6 ans, et à l'horizon 2050 jusqu'à 9,4% de son PIB", a prévenu la chargée des projets environnement à la Banque mondiale.
Elle soutient que le coût de l'inaction sur la pauvreté sera "plus important, avec un peu plus de 2 millions de Sénégalais qui risqueraient de basculer davantage dans la pauvreté à cause des chocs climatiques".
"Toutefois, a-t-elle précisé, si le Sénégal arrive à agir dès maintenant, il sera possible de renverser ces tendances et au lieu d'accuser des pertes, il faut les transformer en avantages et en gains".
Dans cette perspective, a poursuivi Arame Tall, les mesures d'adaptation modélisées dans le rapport "peuvent réduire de manière significative les pertes liées au changement climatique, avec des gains de PIB d'environ 2% déjà à l'horizon 2030, pour le Sénégal".
Le ministre de l'Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, jugeant "salutaire" cette initiative de la Banque mondiale, a rappelé "l'urgence de se mobiliser autour des enjeux du changement climatique".
"Ce rapport national sur le climat et le développement pose un diagnostic sans équivoque sur la vulnérabilité du Sénégal. Il est un outil essentiel pour sensibiliser et mobiliser tous les acteurs, décideurs, citoyens, le privé et la société civile, sur l'importance de bâtir un avenir plus résilient et plus juste", a-t-il indiqué.
"Ce rapport est donc un appel à l'action pour préserver notre pays et notre planète, mais aussi les générations futures", a-t-il ajouté, soulignant que "l'approche Sénégal 2050 appelle à une transition écologique qui mobilise l'ensemble des acteurs".
"Nous devons prendre dans cette dynamique des mesures collectives pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre. Et renforcer la résilience nationale tout en promouvant des modèles économiques plus durables et plus respectueux de l'environnement", a-t-il préconisé.
"Sénégal 2050, agenda national de transformation" est le nouveau référentiel des politiques publiques officiellement lancé le 4 octobre 2024 à Dakar par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye.