Dakar — La mise en place d'une politique d'adaptation représente la question la plus urgente à laquelle doit s'attaquer le Sénégal dans son combat contre les conséquences du changement climatique, affirme Youssouf Sané, chef du service changement climatique à l'Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie du Sénégal (Anacim).
"Aujourd'hui, le changement climatique constitue un facteur d'émigration de plus en plus important. Mais l'urgence, c'est une politique d'adaptation", a déclaré M. Sané.
Il prenait part lundi au lancement du projet "Migrations humaines induites par le changement climatique en Afrique : Analyse prédictive et big data" (Climb).
Ce projet vise à développer une approche holistique pour mieux comprendre le lien entre le climat et la migration.
Selon l'expert en changement climatique, dans le cadre de la politique d'adaptation, les nouvelles autorités sénégalaises souhaitent mettre en place des pôles territoires, lesquels devraient contribuer à sédentariser les populations au niveau local".
Il estime que "cela passe [par] un développement vert, un développement inclusif et résilient".
Selon Abdou Karim Cissé de la Direction générale d'appui aux Sénégalais de l'extérieur, "l'environnement, la dégradation de l'environnement, les changements climatiques sont à l'origine des causes de départ par rapport à une migration souvent irrégulière".
Il juge dès lors important de "prendre en compte ces éléments", rappelant que dans le document de politique nationale de migration, "il est clairement spécifié au niveau des domaines d'activité stratégiques des questions liées à l'environnement, aux changements climatiques".
C'est la preuve selon lui qu"'il y a un lien, une relation très forte entre le fait de migrer et les changements climatiques qui sont intervenus".
"Ce qui s'est passé avec les crues du fleuve Sénégal montre à suffisance que tous ces aspects-là doivent être, je ne dirais pas planifiés, mais que les politiques publiques doivent s'adapter quand il y a ces questions-là", a-t-il fait savoir.
Abdou Karim Cissé appelle à rendre disponibles des données fiables sur les évènements climatiques, ce qui permettrait d'aller vers des prévisions "beaucoup plus précises et réelles".
"Au-delà d'une présentation de projet, la rencontre avait pour objectif de mettre ensemble des acteurs du changement climatique et des migrations [...]", a expliqué Laure Tall, directrice de recherche à l'Initiative prospective agricole et rurale (IPAR).