Madagascar: Revendications des magistrats - Les activités des juridictions maintenues

Le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM) a effectué une journée d'indignation et de solidarité à Anosy, hier. Le tribunal est resté ouvert et les procès ont eu lieu comme prévu.

Un avocat a failli rater le procès de son client à la Cour d'appel, hier matin.

« D'habitude, ça commence vers 9h 30, mais aujourd'hui, les magistrats sont arrivés très tôt. Le procès était presque terminé à 9 heures, heure à laquelle je suis arrivé au tribunal », raconte cet avocat, rencontré dans le hall du tribunal d'Anosy, hier matin. La salle correctionnelle, où se tenaient les procès lors de notre passage sur le lieu, vers 10 heures, hier matin, se désemplissait peu à peu. Pendant que des accusés et des témoins de certaines affaires étaient écoutés par le juge, d'autres accusés étaient reconduits en prison, leurs procès ayant été reportés à une date ultérieure.

Toutes les activités des juridictions au tribunal d'Anosy ont été maintenues, malgré la journée d'indignation et de solidarité organisée par le SMM. Les magistrats se sont organisés pour continuer ce service public. « Ce n'est pas un service minimum, car nous ne sommes pas en grève. Une cessation collective du travail des magistrats n'est dans l'intérêt de personne, car cela ferait souffrir la population », note le président du SMM, Mbitanarivo Andriantsihorisoa, assis au premier rang des magistrats qui manifestaient au préau de la Cour suprême, habillés de leur toge, hier matin. Des magistrats grossissent les rangs peu à peu. « Ceux qui ont terminé leur travail nous rejoignent », poursuit le président du SMM.

Les magistrats ont convenu, lors d'une assemblée générale la veille, d'organiser cette journée de « colère ». Ils protestent contre la décision du garde des Sceaux, Benjamin Rakotomandimby, de suspendre quatre des leurs. Selon les explications du ministère de la Justice, ces magistrats du Parquet avaient commis des fautes professionnelles, qui auraient été constatées suite aux plaintes d'usagers de ce service public.

Signal d'alarme

« Nous sommes ici pour lancer un signal d'alarme. Nous ne protégeons pas les corrompus, et il ne s'agit pas de corporatisme. Le syndicat respecte la neutralité politique. Mais il y a un vice de procédure dans la suspension de ces magistrats. L'article 60 du statut des magistrats prévoit que l'avis préalable du chef de cour concerné est obligatoire avant la suspension d'un magistrat, mais cela n'a pas été respecté », insiste Mbitanarivo Andriantsihorisoa.

Il se dit étonné par la déclaration du ministère de tutelle, lundi soir. Dans cette déclaration, le ministère de la Justice reste ferme sur l'application de sanctions sévères à l'encontre des magistrats qui ne respectent pas les dispositions contenues dans la politique pénale, principalement dans les affaires de viol, de kidnapping, de drogue, de traite de personnes, de violence basée sur le genre, que le ministère suivrait de près, pour protéger la population et pour assurer la sécurité publique. Le ministère déclare qu'il s'ouvre au dialogue. Le SMM affirme, de son côté, la poursuite des activités des magistrats au sein de la juridiction.

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