Qui dit vrai ? Dans une des bandes sonores diffusées par Missie Moustass, une voix attribuée à Rakesh Gooljaury déclarait au Premier ministre, Pravind Jugnauth que «lindi li pou fer mwa kone pou PNQ (NdlR, Private Notice Question) ledikasion ou lor ladrog». Dans une autre bande, la même voix précise : «Xavier inn dir mwa sinial ou, mo ti dezenn avek li, li dir mwa akoz 1er-Me, bizin avoy enn kestion ou mem.» Cette conversation a tout de suite laissé comprendre que le «Xavier» auquel il faisait référence n'est nul autre que Xavier-Luc Duval, qui a occupé le poste de leader de l'opposition de mars 2021 à avril 2024 avant la cassure entre le Parti mauricien social-démocrate et le Parti travailliste-Mouvement militant mauricien.
D'après les standing orders de l'Assemblée nationale, seul le leader de l'opposition a le privilège de poser une PNQ au Premier ministre ou aux ministres et il doit déposer la question au bureau du clerk à 8 h 30, la plupart du temps, les mardis, à moins que le Parlement ne siège un autre jour. Selon la pratique, aucun ministre ou même le Premier ministre ne doit connaître le contenu de la PNQ avant qu'elle ne soit déposée au Parlement à moins que le chef de l'opposition ne l'annonce de son propre gré bien avant.
L'ancien leader de l'opposition, Shakeel Mohamed, confirme que Rakesh Gooljaury a pour habitude de tenter «d'acheter» les PNQ. «J'avais entendu dire qu'il donnait des informations la veille. Je peux dire que c'est vrai. Li (NdlR Rakesh Gooljaury) ti call mwa pou demann mo PNQ. Mo dir li mo pa kapav donn ou. Li reponn ki Xavier Duval ti pe done li...», a-t-il confié lors de la conférence de presse de l'Alliance du changement hier. Le leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, a déclaré lui qu'il avait eu des renseignements à l'effet que Xavier-Luc Duval avait eu des réunions avec Rakesh Gooljaury pour la PNQ. «C'est scandaleux. Mo finn soke kan mo'nn tann sa», a-t-il ajouté.
Pour sa part, Xavier-Luc Duval nie le fait qu'il passait les sujets de ses PNQ à Rakesh Gooljaury. «Je ne peux pas dire si c'est authentique ou pas. C'est à Monsieur Gooljaury de venir le dire. En tout cas, c'est absolument faux. Comment il a pu dire cela ? Tous ceux qui ont travaillé dans mon équipe de recherches peuvent dire combien nous travaillions avec rigueur et en toute confidentialité. Il touche à ma réputation. Il se réfère à une PNQ sur la drogue. Je crois que c'était celle concernant la commission anticorruption. Après il y a eu celle sur le Directeur de poursuites publiques. Allez voir dans le hansard comment les échanges étaient virulents entre le Premier ministre et moi», nous a-t-il déclaré.
Xavier-Luc Duval rappelle en outre que c'est lui qui a posé la PNQ sur le quatorzième mois sans en informer Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. «Le leader du MMM était en colère. Il était contre, mais Navin Ramgoolam n'avait rien dit.»