La campagne électorale pour les élections législatives qui a démarré le dimanche 27 octobre suscite une réaction mitigée dans les quartiers populaires. Les premiers jours de campagne, marqués par des actes de violence et des dérapages verbaux ont suscité l'exaspération des populations. Les citoyens que nous avons rencontrés estiment que de tels comportements ternissent l'image de la démocratie sénégalaise, souvent citée en exemple. Moussa Sarr, un commerçant, témoigne : « La violence refait surface. On croyait que c'était fini avec l'alternance de mars dernier ».
Dans les marchés et les lieux de culte, les discussions vont bon train sur les candidats et l'issue probable de ces élections. Mais beaucoup de jeunes semblent moins concernés par la campagne que par leurs préoccupations quotidiennes. Selon un jeune conducteur de charrette, pour qui le travail est essentiel à la survie de sa famille, la politique n'est pas une priorité : « Nous sommes submergés par des problèmes existentiels : le chômage, le manque de formation, les difficultés à payer le loyer, entre autres. Les politiques font toujours des promesses aux jeunes qu'ils ne tiennent jamais ».
De nombreux jeunes, souvent occupés par la recherche d'un gagne-pain, se montrent donc peu enthousiastes face aux manifestations politiques. Ils espèrent surtout que les nouvelles autorités tiendront leurs promesses d'une vie meilleure, bien que la situation soit complexe. Contrairement aux campagnes précédentes, on voit peu de jeunes arborer des tee-shirts aux couleurs des partis.
Les déclarations des candidats sont diffusées, mais elles semblent attirer moins de monde que par le passé. Les rues ne se vident plus pour écouter les discours à la radio ou suivre les interventions à la télévision. « Aujourd'hui, les jeunes ne se retrouvent pas dans le discours de certains hommes politiques », déplore un apprenti. Les noms les plus souvent mentionnés restent ceux d'Ousmane Sonko, Amadou Ba, Khalifa Sall, Thierno Alassane Sall et Bougane Guèye Dany.
Fallou Sarr, un ferrailleur, confie qu'il est peu intéressé par les discours des candidats : « Après une journée de travail, tout ce que je veux, c'est me reposer. Si un candidat peut m'assurer un emploi stable, je serai prêt à participer à ses meetings et à soutenir sa campagne ».
Contrairement à l'engouement suscité par les élections présidentielles, les législatives anticipées peinent à mobiliser les jeunes. Pour le géomètre A Niane (nom d'emprunt), l'absence de suspense dans ces élections explique en partie le manque d'enthousiasme de la population.