C'était il y a dix ans, l'intellectuel tunisien Abdelwahab Meddeb s'éteignait à Paris, le 5 novembre 2014. Une décennie après sa mort, cette figure des deux rives, né à Tunis et ayant étudié à Paris, continue de fasciner. Pendant de longues années, il a produit et présenté l'émission dédiée à la civilisation islamique sur les ondes de France Culture. Avec toujours, dans ses émissions comme dans ses livres, ce souci de tisser des ponts entre Orient et Occident. Un hommage lui était rendu mardi 5 novembre à Tunis.
Les yeux pétillants et embués, Faouzia Charfi, physicienne tunisienne, évoque son ami intellectuel - « érudit » disent même certains - avec nostalgie. « Il était séduisant intellectuellement, physiquement, dit-elle. C'était un ami agréable et surtout d'une très grande culture. On pouvait l'écouter pendant des heures. Mais quand même, c'était un homme tourmenté. Il était révolté, mais magnifiquement intelligent. »
Un intranquille lumineux. En guise d'hommage, il y a eu des lectures de ses textes. Sciences, histoire, philosophie, religion ou encore poésie, Abdelwahhab Meddeb s'est passionné pour toutes les disciplines.
Un documentaire le mettant en scène dans les ruelles de Tunis a donné l'illusion qu'il était bien là ce soir-là : « Tout le passé se colorait d'une palette fraîche qui n'a pas eu le temps de sécher. Je reconnaissais de très nombreux visages parmi les passants. Leurs noms, leurs origines, leur généalogie se déroulaient devant mes yeux ».
À l'heure où les bombes déciment le Proche-Orient, région que Meddeb affectionnait particulièrement, tous disaient hier que sa voix, plus que jamais, manquait.