Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) a célébré, le 6 novembre dernier, le 42e anniversaire de l'accession de Paul Biya au pouvoir. L'événement, célébré avec faste, revêtait, cette année, un goût de revanche en ce sens qu'il intervient quelques semaines seulement après le retour au bercail du chef de l'Etat qui avait disparu des radars depuis près de deux mois.
Au point que l'opposition politique et la société civile le disaient gravement malade, affaibli et incapable d'assurer la gestion du pays, quand certains n'annonçaient pas tout simplement sa mort. C'est donc de bonne guerre que les partisans de Paul Biya profitent de l'occasion pour montrer aux Cassandre que leur champion est toujours bien portant. Mieux, ils n'ont même pas hésité à le présenter comme leur candidat à la présidentielle de 2025. Faut-il en rire ou en pleurer ? C'est la question que l'on ne peut s'empêcher de se poser.
Car, que peut encore donner Paul Biya au Cameroun, qu'il ne l'ait fait en plus de quatre décennies de règne sans partage ? En tout cas, dans un continent où les peuples aspirent au changement et où la tendance est à la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, fêter ses 42 ans au pouvoir, est tout simplement ridicule.
Paul Biya entrerait dans l'Histoire s'il accepte de renoncer volontairement au pouvoir
Cet anniversaire devrait gêner aux entournures le papy Biya qui aurait tout à gagner en faisant valoir ses droits à la retraite au risque de sortir de l'Histoire par la fenêtre. Malheureusement, tout porte à croire qu'en gardant le mystère autour d'une éventuelle nouvelle candidature, Biya est sur le point de céder aux sirènes des Raspoutine qui le présentent comme un homme indispensable au Cameroun. Ces derniers, eux-mêmes, ne sont pas convaincus de ce qu'ils disent, mais ils le font dans l'unique dessein de protéger leur tirelire.
Ainsi va la politique en Afrique où généralement, la misère et le ventre dictent la conduite à tenir à certains qui ont fini par vendre leur âme au diable. En tout cas, au regard du poids de l'âge et par amour pour lui-même et pour son peuple, Paul Biya entrerait dans l'Histoire s'il acceptait de renoncer volontairement au pouvoir. Ainsi, il pourrait éviter au Cameroun, les lendemains incertains consécutifs aux longs règnes. Est-il seulement capable de ce supplément d'âme ? Rien n'est moins sûr.