Ile Maurice: La cohabitation MTC-Lee Shim inévitable ?

Le grand dénouement aura lieu le lundi 11 novembre. Entre-temps, les deux gros blocs politiques ont donné des indications sur ce qui nous attend en 2025. Si le Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, a avoué qu'une situation de monopole n'est pas admissible, ce qui va en l'encontre de la requête du Mauritius Turf Club (MTC) comme condition préalable à un retour, son opposant politique principal, Navin Ramgoolam, chef de file de l'Alliance du changement, a promis de «redonner ses lettres de noblesse à l'industrie», sans pour autant mentionner spécifiquement le MTC.

Est-ce une indication que tout ce beau monde devra mettre de l'eau dans son vin en 2025? La cohabitation entre le MTC et Jean Michel Lee Shim (JMLS) est-elle inévitable? Analysons toutes les avenues possibles autour de l'avenir de cette industrie en 2025.

Que va-t-il se passer si l'Alliance du changement remporte les élections ? Commençons par les déclarations de Navin Ramgoolam : «Bizin sanzman parski Pravind Jugnauth finn detrir senn mars! Non selmen linn raz enn hipodrom, li finn detrir bann lekiri kouma Gujadhur, Rousset ek lezot. Li finn efas de siek zistwar nou pey enn sel kout pou protez so dimoun. Pou li kapav fer kas dan lekours. Mo promet ou si nou gagne, senn mars pou retrouv so let de nobles!»

Le thème de campagne puissant pour l'Alliance du changement a été et est toujours le Champ-de-Mars. «Les critiques ont été acerbes pendant ces deux dernières années à l'encontre de Pravind Jugnauth et Jean Michel Lee Shim», fait remarquer un turfiste. Si bien, ajoute-t-il, que «même des plateformes dédiées à l'activité hippique sur les réseaux sociaux, dont deux très suivies par les turfistes mauriciens, ont décidé de faire campagne contre le Mouvement socialiste militant (MSM) et ses alliés».

Pour un ancien entraîneur, «le produit hippique ne peut pas reposer sur un seul homme». Comprenez par là qu'une industrie de cette ampleur doit être gérée par une «institution qui se régénère toute seule». «Que va-t-il se passer si JMLS meurt ou décide de tout arrêter ?» se demande-t-on.

Ou encore le fait «qu'une seule personne ait la mainmise sur presque toutes les sphères de cette industrie, allant des propriétaires de chevaux, de celui qui contrôle plusieurs écuries, de celui qui paie les salaires des jockeys, de «leasee» de chevaux à travers la Global Equestrian Ltd (GEL), d'opérateur de paris avec SMS Pariaz et même de régulateur vu sa proximité avec le pouvoir en place».

Navin Ramgoolam a-t-il promis de nettoyer les écuries d'Augias ? D'autant plus qu'une belle brochette de personnalités issues du MTC a fait campagne pour cette alliance. «Navin Ramgoolam n'a jamais vraiment mentionné le nom de Lee Shim lors de ses diatribes verbales. Il s'est concentré sur Pravind Jugnauth. Il a fait quelques allusions concernant la situation au Champ-de-Mars mais sans mettre tout le mal de l'industrie sur celui qui a été vilipendé depuis la création de People's Turf Plc (PTP)», fait discerner un journaliste. Est-ce une indication que même l'Alliance du changement est d'avis que la cohabitation est essentielle pour sortir l'industrie du marasme actuel ?

La question la plus importante de- meure celle-ci : comment le MTC parviendra-t-il à renaître ? L'ex-entraîneur Ramapatee Gujadhur s'est exprimé sur Liberation Moris : «Mo kapav revini si PTr revini (...) Si MTC retourne, li pou pran inpe letan. Bizin ena bann kondition pou ki MTC kapav fonksionn avek enn profitabilite. Bizin donn bann stakes ki ase valab pou ankouraz bann ansien propriyeter. (...). Nou tou konn MTC so nivo andetman. Nou tou kone bizin remet anplas so infrastriktir. San led gouvernma, MTC pa pou kav fonksione.»

Par contre, certains au MTC sont plus optimistes quant à un retour plus facile du club. «Ou panse bann Foo Kune, Hart de Keating, Lebreton ek bann lezot gro propriyeter ki ti la avan bizin mari bokou stakesmoney pou retourne? Zot pou retourne akoz se enn pasion pou zot. Zot pe atann zis sa.»

«Tout à gagner...»

Un propriétaire fait la remarque suivante : «Ce serait éventuellement un fardeau qu'on enlève des épaules de Jean Michel Lee Shim que de lui retirer l'organisation des courses. Lee Shim ne s'attendait pas à ce que tout le monde le quitte de la sorte lorsque PTP a commencé à organiser les courses. Il s'est vu contraint de tout faire tout seul. Et, par ego, il ne voulait pas être celui qui doit fermer boutique alors que le destin de l'industrie avait été placé entre ses mains.»

«Fode pa nou bliye tou seki finn arive pandan sa bann lane-la...», a déclaré Ramapatee Gujadhur sur les antennes de Liberation Moris. Si ce dernier fait partie de la frange radicale du MTC contre tout ce qui a trait au Premier ministre sortant ainsi qu'à Jean Michel Lee Shim, d'autres, peut-être plus pragmatiques, avouent que l'apport de «ses 300 chevaux et son centre à Petit-Gamin peuvent beaucoup aider... Du moins dans un premier temps».

«Lee Shim a tout à gagner en termes de business s'il aide l'industrie en cas de victoire du PTr et ses alliés. Son SMS Pariaz en dépend, certes, mais il pourrait tirer aussi profit du transport d'acheminement, d'importation de chevaux grâce à ses fermes à l'étranger, son système de leasing pour ceux qui ne veulent pas acheter, et surtout sa surface à Petit-Gamin. Autant aussi dire qu'il ne faisait pas de l'argent avec PTP et que là il pourrait en faire vraiment avec sans doute le retrait de la taxa- tion sur plusieurs produits, voire de l'importation de chevaux !»

Par contre, fustige-t-on, «Lee Shim n'aurait pas dû défigurer la piste en enlevant certaines pièces de son système d'arrosage. Un amoureux de ce sport n'aurait pas fait cela car le MTC avait tout laissé pour lui». Interrogé, JMLS a dit ceci : «Si on ne veut pas de moi, je prendrai mes 350 chevaux pour Madagascar où l'on m'accueille à bras ouverts.» Ce dernier n'a pas manqué une nouvelle fois de rappeler qu'il n'a jamais voulu organiser de courses au tout début.

Dans un autre registre, même s'il concerne toujours l'aspect financier et viabilité, le soutien de plusieurs compagnies envers le MTC devrait être une réalité. C'est du moins ce que pense un observateur. Plusieurs corps paraétatiques vont répondre à l'appel si l'Alliance du changement gagne les élections. «Le PM sortant ne pouvait en faire autant vu la mauvaise presse de PTP», souligne un candidat du PTr aux élections.

Pour ce candidat et proche du dossier courses parmi l'opposition, «l'enjeu national pour sauver les courses va faire affluer les sponsors, au point où les lois pourraient être changées et où les opérateurs de paris pourront aussi aider le MTC». «Plusieurs gros conglomérats du privé proches des figures de proue du MTC vont répondre présent», promet-on.

Enter Elite Horses PLC Limited

Une chose est sûre. En cas de victoire de l'Alliance Lepep, il n'y aura pas de situation de monopole au Champ-de-Mars. «Mo pena okenn agenda kont Turf Club (NdlR, MTC) me zot bizin respekte lalwa. Personn pa kav deklar pli mari. Zot anvi fer zot demann pou zot organiz lekours, mo'nn dir fer zot demann. Dapre bann kondision ki ena. Ek zame mo pann dir ou promet ki pou ena enn sel organizater (...)», a déclaré Pravind Jugnauth en octobre.

Quant à Xavier-Luc Duval, allié du PM sortant et leader du Parti mauricien social-démocrate, il a déclaré sur Téléplus qu'il est «totalement en faveur du retour du MTC au Champ-de-Mars». Quant à la situation de monopole voulue par le MTC, le leader des bleus devra, même s'il ne l'a pas encore avoué pour des raisons de stratégie politique, s'aligner sur la décision du MSM. Auquel cas, le retour du MTC devra être rangé au placard si celui-ci persiste avec sa requête de monopole.

Elite Horse Plc Ltd (EHP) a été enregistrée cette année et a soumis sa de- mande auprès de la COIREC avant la date butoir pour l'utilisation du Champ-de-Mars. Chose que le MTC a également effectuée sans pour autant que quiconque ait eu une réponse à ce jour. Qui est derrière Elite Horses Plc ? Jean Michel Lee Shim à en croire les rumeurs mais ce dernier affirme qu'il va seulement apporter une aide logistique et ne sera en aucun cas mêlé à l'organisation.

EHP serait prête à occuper les lieux dès mars peu importe la décision du MTC de partager la piste ou de rester hors compétition. Le concours des employés et l'infrastructure de PTP seront sollicités. Aussi, EHP devrait bouger à un moment donné à Petit-Gamin, le temps que la piste du Champ-de-Mars soit refaite. «La GEL louera ses infrastructures pour courir les courses à Petit-Gamin», informe-ton. A noter que la GEL a à sa disposition plus de 300 chevaux, dont une centaine de nouveaux.

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