Dakar accueille du 7 novembre au 7 décembre 2024 la 15e édition de la biennale de l'Art africain contemporain, Dak'Art. Devenue un véritable rendez-vous des artistes sur le continent et des collectionneurs mondiaux, cette année encore, près de 70 artistes du monde entier seront exposés dans le cadre du festival « in » et presque autant dans le cadre du « off ». Détails.
Un bronze de guerrier du sculpteur sénégalais Ousmane Sow de plus de deux mètres garde l'entrée du palais de Justice, inaccessible pour quelques heures encore aux visiteurs. Mais, par l'embrasure de la porte, on devine quelques-unes des oeuvres des 68 artistes internationaux qui y sont exposés.
Une biennale dans un contexte de crise géopolitique et climatique, très engagée, cette année, comme l'explique Salimata Diop, directrice artistique : « Les catastrophes climatiques s'accumulent. Le déni sur cette réalité est encore très fort. Dakar est un lieu où on est au centre de cette crise et où il paraissait pertinent d'aborder ce besoin de se réveiller. »
L'art a non seulement son mot à dire, mais c'est peut-être aussi le medium qui a le plus de chances de faire la différence.
00:42 Salimata Diop, directrice artistique de la Biennale de l'art africain contemporain Dak'Art
Léa-Lisa Westerhoff Le réveil à l'image du titre de cette quinzième biennale, « The Wake », avec peintures, sculptures, photos, et une exposition immersive de dix artistes qui donne à voir, sentir et ressentir la crise environnementale.
Cindy Olohou, l'une des trois commissaires invités de la biennale, explique : « Qu'est-ce que ça veut dire cette crise climatique pour, par exemple, un minier de Manono, au Congo, qui va extraire des minerais dans le sol ? Ça, c'est quelque chose qui est abordé par l'oeuvre sonore de Nemo Camus. Il a collecté la parole des miniers et retranscrit leurs paroles dans cette installation sonore. »
Cris de détresse mais aussi cri d'espoir, comme pour une installation immersive de l'artiste marocaine Ghizlaine Sakhi, autour de la fleur : « J'ai écrit sur cette installation quatre jours après le tremblement de terre à Marrakech [dans la nuit du 8 au 9 septembre 2023, un puissant séisme de magnitude 6,9 avait ravagé l'ouest du Maroc, faisant près de 3 000 morts, NDLR] que j'ai vraiment vécu comme un vrai traumatisme dans ma vie. En fait, j'avais envie de parler d'humanité, d'amour, de choses essentielles qui nous touchent tous. Et donc, la fleur, c'est la chair. »
Cette biennale dure jusqu'au 7 décembre : un mois pour découvrir une myriade d'œuvres contemporaines.