Congo-Kinshasa: Les états généraux de la justice débutent pour tenter de réformer le système judiciaire

Les autorités congolaises ont ouvert mercredi à Kinshasa les états généraux de la justice après des mois de tensions entre le pouvoir judiciaire et le gouvernement sur l'administration de la justice et l'engorgement du milieu carcéral. « Pourquoi la justice est-elle malade ? », un thème dont les réponses doivent aboutir à des réponses. Des discussions similaires avaient eu lieu sous la présidence de Joseph Kabila en 2015, mais les résolutions n'avaient pas été appliquées.

Avant le début des travaux, le président Félix Tshisekedi a pris la parole pour orienter les débats et mettre en garde sur un ton ferme les magistrats. « Le Congo ne va plus tolérer ni l'incurie, encore moins la complaisance. Le temps des avertissements est révolu. C'est avec une fermeté sans concession que seront prises les mesures nécessaires pour extirper des rangs de la justice ceux qui trahiraient leurs missions et par ricochet leur serment. Le Congo attend de vous une justice implacable contre la corruption et l'impunité. »

Le dirigeant a promis de soutenir les réformes qui sortiront de ces assises. Il a proposé aux participants de soutenir par exemple la mise en place d'un parquet financier pour poursuivre les auteurs de détournement de deniers publics. Félix Tshisekedi défend aussi la mise en place d'un service de renseignement pénitentiaire pour prévenir les cas d'évasion.

Selon le ministre de la Justice, Constant Mutamba, qui depuis sa nomination dénonce les pratiques mafieuses dans l'administration judiciaire, trois quarts des Congolais n'apprécient pas la façon dont la justice est rendue à ce jour. Le secteur brille selon le garde des sceaux par les abus, les violations des lois et d'autres pratiques au détriment de l'État et des justiciables. « Il nous faut du courage, il nous faut de l'audace, de nous regarder en face et de nous dire le problème, c'est à tel niveau et la thérapie est là. »

Des propositions de réformes issues de ces assises pourront déboucher sur une révision constitutionnelle, selon le ministre. Si les syndicats des magistrats n'ont pas souhaité s'exprimer en ce premier jour, ses acteurs jugent toutefois non négociable l'indépendance du pouvoir judiciaire.

3 500 participants prennent part à ces états généraux au centre financier de Kinshasa.

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