Afrique: Réélection de Trump - Le continent dans l'expectative

Les félicitations, dont celles des chefs d'État africains, fusent suite à la reconquête de la présidence américaine par Donald Trump. La posture qu'adoptera le porte-étendard des républicains vis-à-vis de l'Afrique suscite toutefois des appréhensions.

Quelle conséquence pour l'Afrique, pour Madagascar ? La question a fait le tour des échanges et des discussions de couloir sur la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. Plusieurs ont encore en mémoire les propos insultants et les attitudes condescendantes du futur patron de la Maison Blanche, lors de son premier mandat de 2016 à 2020.

Claire Pierangelo, ambassadrice des États-Unis d'Amérique (USA), se veut rassurante au sujet du futur de la coopération avec Madagascar. «Qu'importe qui sortira vainqueur (...), les relations diplomatiques avec Madagascar ne changeront pas», a-t-elle déclaré durant une observation des résultats provisoires des élections américaines, organisée par l'ambassade, mardi.

Dans son allocution, la diplomate a également indiqué que les États-Unis réaffirment leur volonté de respecter et de préserver les valeurs qu'ils ont toujours défendues en matière de politique internationale. Durant une discussion avec des universitaires de divers horizons, hier, un chercheur en relations internationales indique que la sécurité, la démocratie, les droits de l'Homme sont des constantes dans la politique internationale américaine.

Sur ces valeurs de base, la coopération entre l'Afrique, dont Madagascar, et l'administration Trump ne devrait pas connaître de grands changements. «Hormis la question sécuritaire, Donald Trump pourrait laisser au Département d'État le soin de gérer les autres sujets». La position vociférée par le futur président américain sur des thèmes comme la race, l'immigration, l'avortement et le genre pourrait, toutefois, ternir le statut moral des USA dans le domaine des droits de l'Homme.

Outre ses frasques verbales, le futur 47e président des États-Unis avait démontré un certain désintérêt vis-à-vis de l'Afrique. Le fait qu'il n'y ait effectué aucun déplacement officiel en est un exemple. Face à l'évolution du contexte géopolitique mondial, l'administration Trump pourrait être amenée à poursuivre la démarche de son prédécesseur, Joe Biden, et reprendre pied sur le continent africain, en matière de sécurité et de coopération politique.

Madagascar, par exemple, occupe une position stratégique en matière de commerce maritime et donc de sécurité maritime. Ceci, depuis le bouleversement des autoroutes maritimes, à cause de l'instabilité autour du golfe d'Aden et de la mer Rouge. «Les États-Unis ont aussi besoin de l'appui des États africains dans les votes au niveau des instances internationales comme les Nations unies», ajoute un universitaire.

Isolationnisme

La principale appréhension concerne la coopération économique et l'avenir des programmes de coopération financés par les États-Unis. À Madagascar, par exemple, une grande partie des financements américains concerne le volet social, comme la santé, la lutte contre l'insécurité alimentaire, et depuis quelques années, il y a l'électrification rurale, ainsi que la lutte contre le changement climatique.

Donald Trump est un climatosceptique affirmé. L'Afrique, à l'instar du reste du monde, appréhende ses futures décisions vis-à-vis des accords sur le climat. Durant son premier mandat, il avait retiré les USA de l'accord de Paris. Les pays insulaires et poumons du monde, comme Madagascar, espèrent pourtant que les pays industrialisés, dont les États-Unis, respectent leur engagement sur le fonds vert pour le climat et l'indemnisation des pays à carbone négatif.

«La politique isolationniste», prônée par Donald Trump, c'est-à-dire qui tend vers un «protectionnisme» de l'économie, de l'emploi et du commerce américain, pourrait néanmoins nuire aux États africains. «Le risque pour Madagascar et d'autres pays africains est que les programmes que le futur président Trump considère comme n'ayant pas de bénéfice pour l'économie américaine connaissent de sensibles réductions budgétaires», note le chercheur en relations internationales.

Durant le premier mandat de Donald Trump, des élus républicains avaient bloqué le renouvellement de l'appui américain au fonds mondial de lutte contre le Sida. Le futur de l'African Growth Opportunity Act (Agoa) suscite aussi des appréhensions. Le programme bipartisan, c'est-à-dire soutenu à la fois par les Démocrates et les Républicains, arrive à échéance en septembre 2025.

«Le souci avec Donald Trump est qu'il est imprévisible. Au regard de sa politique isolationniste, qui mise, notamment, sur les droits de douane pour renforcer l'économie américaine, il est tout à fait capable de ne pas renouveler l'Agoa s'il estime que le programme menace l'emploi et l'économie des États-Unis. Surtout qu'avec une majorité acquise au Sénat, il aura la coudée franche durant son mandat», avance le chercheur en relations internationales.

Cependant, le mandat de Donald Trump pourrait offrir une opportunité de renforcer les coopérations économiques bilatérales avec les États-Unis. «Étant un homme d'affaires, il raisonne aussi en termes de profit. Si on arrive à donner des opportunités économiques aux entreprises américaines, notamment républicaines, on aura l'oreille de Trump», déclare sans équivoque un des interlocuteurs d'hier.

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