En sa qualité de Magistrat suprême, le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a ouvert, solennellement, hier, mercredi 6 novembre 2024, au Centre financier de Kinshasa, les états généraux de la Justice en RDC. Plusieurs autorités étatiques dont la Première Ministre Judith Suminwa, des membres du Gouvernement de la République, des parlementaires et des hauts responsables du secteur judiciaire, ont assisté à la cérémonie. Le Chef de l'État a, dans son allocution, donné des orientations claires devant servir de boussole aux séminaristes, au moment de la poursuite des travaux, pour la refondation profonde et véritable du secteur de la Justice en République démocratique du Congo.
Le Président Félix Tshisekedi a insisté sur le fait que ces assises doivent être un rassemblement qui puisse se démarquer par la qualité et la pertinence des recommandations qui y seront formulées, pour une bonne administration judiciaire en RDC. Il a encouragé, toujours dans son discours d'ouverture, les participants à engager des discussions saines et à envisager des mesures fortes qui vont aider à combattre la corruption et l'impunité sous toutes ses formes.
De même, le Chef de l'Etat a rappelé la nécessité de mettre en place, en RD. Congo, le plus vite possible, un Parquet financier qui aura pour mission essentielle de poursuivre, entre autres, les infractions des détournements de deniers publics dans la gestion des biens de l'Etat. Pour lui, en effet, "le Congo ne va plus tolérer ni l'incurie, encore moins la complaisance".
La Justice élève une Nation
"C'est avec une profonde solennité et un immense sentiment de responsabilité que je me tiens devant vous, aujourd'hui, à l'occasion de l'ouverture des états généraux de la Justice en République démocratique du Congo. Cet évènement crucial nous offre l'opportunité de scruter avec lucidité et honnêteté l'état de notre système judiciaire, d'identifier les défis qui entravent son fonctionnement et de tracer ensemble les voies de sa renaissance.
Ma présence en ce lieu n'est pas un simple acte protocolaire destiné à être inscrit dans les lettres de noblesse du Ministère de la Justice. Elle est plutôt le symbole de mon engagement ferme de restaurer la justice de notre pays afin d'être en adéquation avec les saintes écritures qui consacrent la Justice comme un vecteur de l'élévation d'une Nation.
Ainsi qu'il est écrit dans Proverbes 14, 34 : La Justice fait la grandeur d'une Nation. Le peuple congolais, au nom de qui, conformément à l'article 149 alinéa 3 de la Constitution, la Justice est rendue, exige une Justice qui porte haut les valeurs d'intégrité, d'impartialité et d'équité. Très souvent, nos concitoyens se sentent trahis lorsque les principes fondamentaux de la Justice sont bafoués par certains acteurs pour satisfaire leurs intérêts personnels et leur appétit du gain indu.
En tant que Magistrat suprême, c'est avec détermination que je me tiens ici pour affirmer que notre appareil judiciaire sera restauré... Un minimum de volonté de nous tous suffit pour que nous ayons un appareil judiciaire fort, exempt du dysfonctionnement et de divers maux qui le rongent pour ainsi redevenir un sanctuaire où nul n'est au-dessus de la loi et où chaque citoyen, riche ou modeste, trouvera la part qui lui est dû dans la distribution de la Justice", a insisté le Magistrat suprême, dans son allocution.
Plusieurs fers au feu
Selon le Président Félix Tshisekedi, le secteur de la justice en RDC comporte plusieurs défis à relever. Il a exigé, avec une fermeté profonde, des réformes courageuses pour redresser ce secteur stratégique du pays.
"Malgré quelques avancées, les défis demeurent immenses et pressants. Les moyens judiciaires sont encore limités, certes, les infrastructures inadaptées et la couverture judiciaire incomplète. A cet égard, j'ai instruit le Gouvernement d'accélérer la construction de nouvelles infrastructures judiciaires et surtout la construction des établissements pénitentiaires pour résoudre l'épineuse question de la surpopulation carcérale à laquelle nous faisons face actuellement. J'attache du prix à cette question. Mais, au-delà des moyens matériels, il est des antivaleurs, plusieurs fois décriées, qu'il faut à tout prix éradiquer.
Il s'agit principalement de la corruption et de l'impunité. Ces antivaleurs qui minent la mission et trahissent le devoir de la Justice appellent obligatoirement à une thérapie choc, comme l'a dit le Ministre d'Etat. Mon engagement à ce sujet est solennel et inflexible. Notre justice sera purgée de ces fléaux pour que le statut du peuple congolais ne soit plus compromis par les intérêts égoïstes et corrompus...
Face au tableau sombre dressé ci-dessus, il est temps de se ressaisir, de dresser sans complaisance un état des lieux exhaustif de la situation de notre système judiciaire afin de trouver des solutions à même d'y remédier. C'est donc l'occasion pour moi de rendre hommage à l'ensemble du Gouvernement et au Bureau du Conseil supérieur de la Magistrature pour leur collaboration dans l'organisation de ces assises. Je tiens à exprimer mes encouragements au Ministre d'Etat, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux pour cette initiative d'organiser pour une énième fois les états généraux de la Justice après ceux organisés en 2015", a-t-il indiqué, dans son élan.
Des actions concertées encouragées
"Je formule le vœu que ces assises ne soient pas un rassemblement en plus, mais plutôt avec un plus et qui se démarque par la qualité et le pragmatisme des recommandations qui en découleront. A ce propos, le but n'est pas de remettre en cause les conclusions et recommandations de celles de 2015, mais de procéder entre autres à l'évaluation du niveau de leur mise en œuvre tout en proposant des actions concrètes à compter ensemble avec celles qui sont issues de cette deuxième édition.
Aussi, ce moment me parait indiqué de peaufiner davantage la réflexion sur la mise en place d'un Parquet financier ayant pour mission de poursuivre, de manière spécifique, les infractions des détournements de deniers publics et aussi sur la possibilité de créer un service national du renseignement pénitentiaire qui devrait être capable d'anticiper et de prévenir les évasions à répétition que nous connaissons et qui aura notamment pour mission de coordonner efficacement la surveillance et la sécurité au sein de nos établissements pénitentiaires.
Par ailleurs, nous devons également penser à moderniser notre appareil judiciaire, notamment en y insérant l'utilisation des technologies numériques pour faciliter les procédures et réduire les délais de traitement des affaires.
Ces trois exemples ne devraient pas limiter l'imagination débordante de ces assises. Je vous exhorte donc à préserver, à travailler sans relâche pour le renforcement, l'efficacité, la cohérence et la crédibilité de notre système judiciaire. Dans cette perspective, il vous appartiendra de soumettre aux états généraux de la Justice tous les remèdes possibles en ce compris, les réformes législatives, courageuses et ambitieuses", a ajouté, dans son discours, le Président Tshisekedi.
Mobilisation générale
Le Chef de l'Etat a poursuivi son discours par formuler des recommandations. Au Gouvernement, il a sollicité un accompagnement appuyé au secteur de la Justice pour garantir la mise en œuvre des réformes. Au Parlement, il a sollicité un soutien total et sans réserve aux réformes législatives. Le Président Tshisekedi n'a pas éludé les Magistrats. Il leur a demandé, quant à eux, de bannir les antivaleurs dans l'exercice de leur profession et de toujours tenir compte des attentes des congolais. Il a affirmé, trait sur le visage, son engagement à neutraliser, tout prochainement, les adeptes patentés de la corruption, dans ce corps d'élite.
"Aux honorables députés et sénateurs, je vous invite à soutenir les réformes législatives qui seront initiées dans le sens à obtenir la restauration de notre système judiciaire afin de promouvoir un Etat de droit. Au Gouvernement, je rappelle l'impératif de mobiliser les ressources nécessaires pour garantir la réussite de la mise en oeuvre des réformes. Aux Magistrats et aux autres acteurs judiciaires, je rappelle, solennellement, que le peuple congolais attend de vous une Justice qui apaise et qui rassure, une Justice qui inspire confiance...
Le Congo ne va plus tolérer ni l'incurie, encore moins la complaisance. Chaque décision, chaque acte, chaque parole, doit être le reflet de l'intégrité, de l'honneur que vous êtes appelés à incarner. Personnellement, je crois en vous et que, loin d'être la rusée de la société, vous pouvez encore donner le goût de ce noble métier à nos enfants pour qu'ils aspirent à devenir des magistrats et à appartenir à votre Corps d'élite. La Nation vous observe, sachez que tout manquement, toute défaillance, tout compromis avec la probité et la droiture, sera désormais sanctionné", a-t-il menacé.
Fini la recréation
Selon le Magistrat suprême, le temps des avertissements est révolu. Il a assuré que c'est avec une fermeté sans concession que seront, désormais, prises les mesures nécessaires pour extirper des rangs de la Justice ceux qui trahiraient leurs missions et, par ricochet, leurs serments.
"Le Congo attend de vous une Justice implacable contre la corruption et l'impunité, une justice qui ne recule devant aucune pression, devant aucun intérêt autre que celui de la vérité et du droit. Une bonne justice constitue le gage des institutions fortes pour le pays. A nos partenaires, je réitère notre gratitude pour votre soutien constant et indéfectible.
A vos côtés, nous entendons renforcer cet effort fondamental pour que la justice congolaise puisse se hisser au rang des institutions les plus respectées, les plus intègres et les plus protectrices des droits et libertés fondamentaux de chaque citoyen. Aux acteurs du secteur privé, par ces états généraux, je voudrais que vous y trouviez la volonté ferme d'assainir l'environnement des affaires afin que le partenariat avec l'Etat soit dans le respect des règles.
Je vous lance un appel pour une participation remarquable afin que votre voix soit entendue... J'ai conscience du rôle et de la place du secteur privé dans le relèvement de notre pays", a souligné, haut et fort, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République, Chef de l'Etat, son allocution d'ouverture des états généraux de la Justice en RD. Congo.La Pros.