A la surprise de nombreux observateurs à commencer par les Américains eux-mêmes, Donald Trump est devenu le 47e président des Etats-Unis d'Amérique à l'issue d'un scrutin qu'il a écrasé de la tête et des épaules face à une candidate démocrate, Kamala Harris, dont les arguments de campagne étaient on ne peut plus pauvres si tant qu'elle aura compté sur le vote des américaines dont elle défendait farouchement les droits (notamment celui à l'avortement) et aussi son "ancrage ethno-sexuelle" pour triompher à ce scrutin.
Pendant ce temps, Trump que l'on pensait "mort" politiquement après le Capitole gate du 6 janvier 2020, appelait comme à son habitude à la fibre patriotique de ses compatriotes en promettant de mettre fin à l'immigration "sauvage" et de procéder à la relance d'une économie fortement à la peine face à la décélération industrielle rendue aiguë par la concurrence chinoise et qui a paupérisé les zones rurales et certaines grandes agglomérations (Chicago, Detroit) du pays.
C'est dire si son dernier mandat sera axé essentiellement sur la satisfaction des besoins de ses compatriotes, même si dans le cas d'une puissance comme l'Amérique qui aspire à garder son rang, il ne saurait être indifférent à ce qui se passe dans le reste du monde. Dans cette optique, l'Afrique du fait de sa primauté en matière de ressources naturelles, du rôle stratégique qu'elle pourrait jouer dans la résolution de certains conflits majeurs (notamment celui du Proche-Orient) et des bouleversements géostratégiques observés dans certaines régions du continent, ne saurait le laisser indifférent en dépit de ses saillies vis-à-vis d'elle.
Il n'est en effet plus un secret pour personne que l'Afrique australe et centrale (Afrique du Sud et RD Congo principalement) constituent des points sensibles dans la politique du Foreign Office depuis belle lurette. La fin tragique du nationaliste Patrice Emery Lumumba qui voulait avoir une gestion autonome des immenses ressources de son pays et le maintien actuel d'un fort contingent de casques bleus dans le pays en dépit du désaccord avoué des autorités congolaises indiquent clairement que l'oncle Sam n'est pas disposé à lâcher le "coffre-fort" congolais.
La chienlit entretenue au Kivu, en Ituri et dans le Mayema est un prétexte pour tenir un pays malade du fait de sa trop grande richesse et qui est à lui seul un concentré des malheurs continentaux. Le jeu de l'ombre des puissants va donc se poursuivre dans ce pays tout comme dans la Corne de l'Afrique du fait de l'implication plus ou moins directe de cette partie du continent dans le conflit du Proche-Orient par Yémen interposé.
Quant au vieil et fidèle allié égyptien, l'administration Trump ne pourra qu'avoir les yeux de Chimène pour lui pour les mêmes raisons. Rien ne se réglera en effet en terre sainte de Palestine sans l'implication du Caire. S'agissant de notre sous-région et en dépit du recul français, Trump ne devrait pas trop s'en soucier, surtout s'il obtenait des accords avec les russes dans le domaine, entre autres, du désarmement nucléaire et de la crise ukrainienne.
Quand on connaît la fascination que Vladimir Poutine exerce sur Trump en raison de son charisme d'une part et la volonté du président américain d'affaiblir l'Europe devenu un allié encombrant voire un concurrent, on peut affirmer que la "pax americana" n'aura pas lieu au Sahel au grand dam d'Emmanuel Macron qui s'est empressé de féliciter le nouveau locataire de White House, alors même que sa victoire n'était pas consommée.
Du reste, la résolution de nos chefs d'Etat avait déjà désillusionné Macron, qui lors de sa récente visite au Maroc a demandé au dirigeant chérifien de jouer les missi dominici entre Paris et les dirigeants panafricanistes pour un hypothétique rabibochage. Continuation de la politique américaine au Centre, au Nord et au Sud du continent, désengagement plus ou moins prononcé à l'Ouest.
Voilà tracée en quelques lignes la politique africaine de Trump sur le papier seulement dans la mesure où en politique la vérité du matin peut-être un mensonge à midi. Ce dont on a la certitude absolue, c'est que Trump ne conditionnera pas l'aide américaine à la reconnaissance des nouveaux droits (?) matrimoniaux ce dont nombre d'africains ne manqueront pas de le féliciter.