Afrique: Dak'art 2024 - 'Mad In Pixel', l'artiste aux multiples facettes signe sa première biennale

Dakar — Le jeune artiste "Mad In pixel" qui fait partie des cinq artistes Sénégalais sélectionnés dans l'exposition internationale "IN" de la Biennale de l'art africain contemporain de Dakar (Dak'art, 7 novembre-7 décembre) dit vouloir profiter de sa première participation à cet évènement culturel pour se frayer un chemin sur la scène internationale.

La 15ème édition de la Biennale de l'art africain contemporain de Dakar s'ouvre ce jeudi dans la capitale sénégalaise.

Agé de 36 ans, l'aventure artistique de "Mad In pixel", à l'état civil Modou Anta Diongue, a commencé, entre 8 ou 10 ans. L'autodidacte dit avoir appris le Saint Coran avant de trouver sa voie dans l'art.

Issu d'une famille de huit enfants, Diongue se rappelle comment il a été difficile pour lui d'embrasser le monde artistique, ce dont ne voulait pas son père.

"J'étais un enfant qui aimait beaucoup dessiner mais mon père ne voulait pas que je devienne artiste. Il voulait plutôt m'orienter dans le design, l'ameublement, la tapisserie, etc., donc il m'a retenu dans son atelier pendant presque un an", témoigne-t-il.

Admirateur des dessins animés, "Mad In pixel" - en référence aux logiciels qu'il utilise dans son travail, a passé son enfance à réaliser des bandes dessinées et autres dessins pour améliorer son art.

"Je n'ai pas été à l'école comme les autres membres de ma famille, car la situation familiale avait drastiquement changé. J'ai fait l'école coranique, où je trouvais toujours le moyen d'avoir des feuilles pour dessiner constamment. C'est là que l'enseignant m'avait surpris une fois et confisqué mes feuilles (...)", explique-t-il.

Cet artiste qui a appris le français grâce à la lecture des bandes dessinées, a décidé très tôt de se lancer dans l'art, en explorant plusieurs possibilités qui s'y offraient, notamment les dessins, la peinture, etc.

Un artiste qui se cherche

"(...) je rentrais très tôt de l'atelier de mon père pour retrouver mes peintures. Un jour, il a décidé de me laisser faire mon art et c'est là que j'ai rencontré et fréquenté un peintre qui m'a appris les bases de l'art plastique", confie t-il, tout fier.

Après le départ de son mentor pour la France, "Mad in pixel", poursuit son chemin en faisant de la décoration, la façade des murs, de salon de coiffure et tant d'autres, pour survivre et asseoir son art.

"(...) et naturellement, j'ai cherché le moyen de faire ce que je faisais déjà à la main, c'est à dire l'art, la peinture, la calligraphie dans l'ordinateur. Cela m'a directement orienté vers des logiciels comme le photoshop. J'ai aussi appris à faire petit à petit de l'infographie", précise l'artiste.

Son envie de tout connaitre sur l'art numérique lui a permis de travailler avec certaines agences spécialisées où il était recruté en tant qu'illustrateur.

"(...) une agence m'a aussi contacté pour être leur illustrateur et éventuellement faire aussi du graphisme. C'est ainsi que j'ai monté les échelons dans ces deux domaines", explique -t-il.

Il souligne que toutes les techniques qu'il a apprises sur les logiciels informatiques, les bandes dessinées et l'art plastique lui permettent aujourd'hui de travailler en tant que réalisateur.

En route pour la 15ème édition du Dak'art

Modou Diongue dit "Mad" se félicite de sa première participation à la Biennale de Dakar, laquelle demeure, selon lui, une occasion pour rencontrer les artistes internationaux et se faire un carnet d'adresses.

Retenue pour l'exposition "IN", grâce à son film expérimental de 4 minutes, intitulé "Time and moment", l'artiste ne cache pas sa satisfaction.

"(...) dans ce film j'essaie d'exprimer des réminiscences, des expériences que beaucoup de gens vivent (...). Et c'est comme cela que j'ai pu mettre en scène deux figures plus ou moins mythologiques, Adam et Eve, pendant leur premier pas sur Terre", indique l'artiste.

Ce film produit par un chorégraphe américain, qui met en scène deux danseurs sénégalais Mapate Sakho et Alicia Gomis, retrace l'histoire d'Adam et d'Eve.

"C'est le producteur Teddy Owen qui a fait la chorégraphie par correspondance. On en a discuté ensemble, puis il nous a envoyé une vidéo démo sur laquelle Alicia et Mapate ont ensuite travaillé et ajouté leur sauce", explique t-il.

"La biennale est un lieu où tu fais des rencontres, des connaissances. Il y a un réseau. Les gens sont là pour dénicher des artistes avec qui, ils peuvent collaborer sur le long terme", conclut-il.

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