Le délestage affecte l'économie et le quotidien des citoyens. Conscient, Tokiniaina Razanakolona, consultant en énergie, avance son point de vue et propose quelques solutions pour chaque groupe de consommateurs afin de surmonter ce défi. L'équipe de Midi Madagasikara a eu l'occasion de l'interviewer.
Pouvez-vous nous partager votre analyse du délestage actuel et les solutions possibles pour les consommateurs malgaches ?
Le réseau de la Jirama est vieillissant et mal entretenu, avec des pertes techniques importantes tout au long de la chaîne de distribution, c'est un point de vue externe. Ces problèmes sont aggravés par un manque d'investissement dans la modernisation des infrastructures et par des difficultés financières chroniques au sein de l'entreprise.
À cela s'ajoutent des pratiques de gestion inefficaces, liées à une négligence de maintenance préventive régulière et la mise à niveau du réseau électrique pour répondre à la demande croissante.
Cependant, il existe des solutions pour améliorer cette situation pour les consommateurs. La clé est de différencier les réponses selon les catégories de consommateurs, en encourageant l'adoption de pratiques d'efficacité énergétique et un mix énergétique diversifié.
Quelles solutions proposez-vous pour les ménages malgaches qui sont les plus touchés ?
L'impact des délestages sur les ménages affecte le confort, la sécurité, le développement, et même l'éducation. Il est idéal de réduire leur dépendance à la Jirama, en privilégiant des solutions d'énergies renouvelables pour les petits appareils, comme les chauffe-eaux solaires et les systèmes de cuisson propre.
Ensuite, optimiser l'utilisation des équipements à faible consommation en évitant le gaspillage, comme les lampes LED, investir dans des appareils électroménagers économes en énergie marqués A+ ou A++. Enfin, il est important de choisir des équipements performants, avec garantie et service après-vente pour assurer la durabilité.
Qu'en est-il des PME et des travailleurs indépendants ?
Les PME et les travailleurs indépendants sont fortement impactés, car les délestages limitent, voire éliminent, leur source de revenus, créant des frustrations au quotidien. Ils peuvent adopter des solutions similaires à celles des ménages, tout en intégrant des kits portatifs, comme les power box disponibles sur le marché, pour garantir une autonomie en cas de coupure prolongée. Il est essentiel de diversifier leurs sources d'énergie avec des systèmes adaptés à leur taille et leurs besoins. Malgré les coûts élevés, des solutions de financement accessibles aux PME existent.
Pour les grandes entreprises et les industries, quelles seraient vos recommandations ?
Il est crucial de commencer par des audits énergétiques pour identifier les sources de gaspillage et renforcer l'efficacité énergétique. Ensuite, elles doivent adopter les bonnes pratiques et envisager l'autoproduction via des énergies renouvelables adaptées à leurs besoins. La diversification des sources énergétiques est primordiale pour assurer une production continue et réduire la dépendance à la Jirama. Enfin, l'entretien régulier des équipements est essentiel pour prolonger leur durée de vie et garantir des performances optimales.
Quelle est votre vision pour l'avenir énergétique de Madagascar ?
À court terme, il est crucial de former les acteurs comme les opérateurs, fournisseurs et consommateurs aux bonnes pratiques et d'instaurer une culture de la maintenance. Il faut aussi prévenir les actes nuisibles comme le vol des équipements publics et les branchements illicites, tout en veillant à un travail professionnel rigoureux.
À moyen terme, la modernisation des infrastructures existantes et l'adoption de solutions énergétiques modulaires, comme les chauffe-eaux solaires et les systèmes de cuisson propre, l'innovation sur les climatiseurs à énergie renouvelable et tant d'autres, doivent être proposées et avec une attention particulière sur l'efficacité énergétique.
À long terme, premièrement à part le solaire, Madagascar doit viser une diversification énergétique en intégrant plusieurs sources renouvelables : hydroélectricité, énergie marine, exploitation des déchets, éolienne, et même l'hydrogène. Ces alternatives permettraient de soulager la Jirama tout en favorisant l'autonomie énergétique des acteurs. Deuxièmement, favoriser des matériels performants et durables sur le marché en étant rigoureux sur les normes, standards et qualité.
La transition ne se fera pas en un jour, mais en travaillant à la fois sur l'efficacité énergétique, la réduction du gaspillage et l'entretien des infrastructures, nous pouvons aboutir à un système énergétique résilient et durable.