À Madagascar, la pré-campagne des élections municipales du 11 décembre a commencé. Parmi les sept candidats en lice à Antananarivo, Tahina Razafinjoelina : soutenu par la deuxième force d'opposition du pays, il est un candidat « à part ». D'abord, car personne ne l'attendait : cet ancien candidat à la présidentielle 2023, à la tête de son propre parti depuis 2010, est en effet peu connu du grand public. L'enseignant, spécialiste des nouvelles technologies, veut aussi imprimer un discours de rupture, comme il l'a affirmé à des habitants d'un bas quartier de la capitale.
Entre les étroites ruelles d'Antohomadinika, Tahina Razafinjoelina fait étape devant une borne fontaine puis, quelques mètres plus loin, devant un canal d'eaux usées prêtes à déborder, deux symboles des éternelles urgences dans ce bidonville. Le candidat veut impulser un sursaut auprès de cet électorat volatile et massivement abstentionniste.
« Il y a beaucoup de personnes qui se sont endormies car elles en ont eu marre de la bagarre politique entre les deux grands partis [l'Irmar, parti du pouvoir, et le TIM, parti fondé par l'opposant Marc Ravalomanana, NDLR], affirme-t-il. Parlons de projets de société, soyons positifs. Le problème chez nous, et en Afrique généralement, c'est la mystification, la personnalisation du pouvoir. C'est pour cela que nous voulons changer cette pratique-là. Mais il faut être conscient que le réveil, c'est ça qui va porter le changement ».
« On veut juste un maire honnête pour Antananarivo »
Sur la principale rue pavée commerçante, aux abords d'une gargote, Lydia, café en main, assiste de loin à cette opération séduction. Cette habitante du quartier veut croire en une alternative possible à la tête de la capitale. « Vous savez, c'est habituel pour nous de voir des candidats faire campagne dans les bas quartiers, lâche-t-elle. Mais la querelle entre Rajoelina [le président du pays, NDLR] et Ravalomanana [président de Madagascar entre 2002 et 2009, NDLR] a trop duré. Nous, on veut en finir avec ça ! À chaque fois qu'un candidat comme ça veut émerger, il est coincé entre les deux camps, alors que nous on veut juste un maire honnête pour Antananarivo ».
À l'approche du 11 décembre, d'autres candidats devraient défiler dans ces bas quartiers, réservoir considérable de voix. En 2019, lors des dernières élections municipales, plus des deux-tiers des Malgaches s'étaient abstenus.