La loi anti-homosexualité adoptée en mai 2023 en Ouganda, l'une des plus sévères au monde puisqu'elle prévoit des peines allant de la prison à vie à la peine de mort, a déjà de lourdes conséquences économiques, selon l'étude d'Open for Business, une coalition d'entreprises multinationales incluant Deloitte, Microsoft, Google, Unilever, Publicis ou Mastercard. L'Ouganda pourrait perdre entre un demi-milliard et 1,7 milliard de dollars tous les ans.
Première conséquence directe et déjà visible de la loi anti-homosexualité sur l'économie de l'Ouganda : les bailleurs ont diminué voire stoppé l'aide étrangère, souligne Dominic Arnall, le directeur exécutif d'Open for Business : « La plus lourde perte, c'est celle des financements de la Banque mondiale. Cela représente 60% du total ! Donc c'est une énorme perte. La Banque mondiale a dit qu'elle cesserait de nouveaux prêts à l'Ouganda à partir du moment où la loi serait votée. Et elle a précisé dans son rapport que c'était à cause de cette loi. »
Une fuite annuelle de 15 000 jeunes
Les États-Unis ont retiré à l'Ouganda son statut commercial préférentiel. Même si la nouvelle administration américaine réintégrait le pays dans l'AGOA, l'Ouganda devrait dire adieu à 5% de ses investissements étrangers, il pourrait perdre jusqu'à 8% de ses touristes internationaux, et faire fuir, tous les ans, 15 000 jeunes du pays. « Ces Ougandais, dit encore Dominic Arnall, sont partis vers le Kenya dans de nombreux cas, vers les États-Unis, le Canada ou le Royaume-Uni. Un tel rythme de départs des jeunes a un très lourd impact sur l'économie du pays. L'Ouganda perd entre 3 millions et 24 millions de dollars par an en productivité. »
Enfin, la loi dissuadant les minorités LGBT à se soigner, le coût indirect en particulier du sida pour le secteur de la santé pourrait se monter à 312 millions de dollars par an.