Bénin: Le «kataklè» manquant, la 27e oeuvre du trésor royal d'Abomey, «est prêt à rentrer au pays»

interview

Le kataklè, un siège à trois pieds faisant partie du trésor royal d'Abomey, qui avait disparu mais qui a été retrouvé en Finlande, va bientôt « rentrer au Bénin », affirme à RFI le chargé de mission aux patrimoines et aux musées du président béninois. Alain Godonou donne des détails sur cette pièce « en très bon état » et qui est au coeur de notre podcast, « Enquêtes africaines ». Entretien.

La troisième saison du podcast de RFI « Enquêtes africaines » est disponible depuis le 4 novembre 2024 sur toutes les plateformes. « Le Mystère du 27e trésor » s'intéresse à la 27e pièce du trésor royal d'Abomey, un bien qui avait disparu et qui a été retrouvé en Finlande grâce au travail mené par Marie-Cécile Zinsou, la présidente de la Fondation Zinsou, et par Pilvi Vainonen, conservatrice au musée national de Finlande.

Cette pièce, c'est un kataklè, un siège royal à trois pieds. Un premier kataklè faisait déjà parti des 26 pièces restituées par la France au Bénin en 2021. En début de semaine, Olushegun Adjadi Bakari, le ministre béninois des Affaires étrangères, s'est rendu à Helsinki pour discuter avec son homologue finlandaise, Elina Valtonen, du retour de cette pièce au Bénin. Et la restitution est validée, comme l'explique à RFI, Alain Godonou, le chargé de mission aux patrimoines et aux musées du président béninois, qui a pu voir l'objet lundi à Helsinki.

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RFI : Alain Godonou, le principe de la restitution du kataklè au Bénin est donc acté ?

Alain Godonou : Nous avons vu le kataklè qui est en très bon état. Nous avons discuté, échangé avec les collègues finlandais et techniquement les choses sont claires, au point, et donc le kataklè est prêt à rentrer au Bénin.

Il rentrera à quel moment ? On parle de jours, de semaines, de mois ?

Disons de semaines et de mois. En tout cas, c'est prêt, comme je l'ai dit, techniquement. Maintenant, il faut voir selon le calendrier, notamment des officiels finlandais, parce qu'ils souhaitent faire le déplacement au Bénin. Donc, il y a une coordination des différents agendas béninois et finlandais à réussir pour trouver la bonne date pour le retour du kataklè au Bénin.

Qu'avez-vous ressenti au moment où vous avez découvert ce kataklè ?

C'est toujours un moment d'émotion très particulier quand on découvre un objet tel que celui-là, qui est quand même resté à Helsinki pendant près de 80 ans.

Est-ce que vous avez noté des choses particulières sur cette pièce ?

Évidemment, moi, j'étais parti avec une image très précise du kataklè que nous avons au Bénin parmi les 26 oeuvres [restituées par la France en 2021, NDLR], pour pouvoir faire tout de suite la comparaison. Il est évident que c'était une paire et justement sur cette base nous avons demandé aux Finlandais quelques analyses supplémentaires pour pouvoir après inférer sur celui que nous avons déjà reçu.

Ce qui vous fait dire que c'est une paire, c'est parce qu'il y a des marques similaires sur les deux kataklè ?

Absolument. Il y a des marques similaires et plus que des marques similaires du point de vue design et esthétique. Et il y a quelques traces parfaitement similaires aux mêmes endroits.

À terme, ce kataklè-là est amené à rejoindre les 26 autres pièces et à être exposé avec elles ?

Les objets, les collections de musée, ne sont pas toujours destinés à être exposés ensemble. Ils peuvent voyager, par exemple, séparément s'ils doivent aller dans une exposition quelque part, dans le pays ou bien dans le monde. Mais c'est sûr que dans la muséographie et la scénographie qui va suivre, il est prévu d'exposer cet ensemble-là : 26 plus un, maintenant, dans ce qui sera l'exposition permanente du Musée de l'épopée des rois et des Amazones du Danhomè.

Ceci étant, je dois souligner que, en plus de ces 26 déjà restitués et de la 27e oeuvre qui sera bientôt de retour à Cotonou, nous avons reçu entre-temps, comme don, une pipe du roi Béhanzin qui a intégré aussi la collection nationale. Le roi Béhanzin [roi du Dahomey à la fin du XIXe siècle, NDLR], sur toutes photos en Martinique et avant, a toujours sa longue pipe en mains. Nous avons reçu et authentifié une de ces pipes-là qui est aujourd'hui dans la collection. Et ça, c'est un don de deux Béninois qui l'ont retrouvée.

Où l'ont-ils retrouvée ? En Europe ?

Absolument. C'est en France, je crois. Ça fait un an qu'ils l'ont donnée au pays en faisant un don au président de la République qui l'a remise effectivement dans la collection nationale.

Toutes ces pièces-là seront exposées au Musée d'Abomey. On voit qu'il y a du retard sur l'avancée des travaux. À quel moment verra-t-il le jour ?

Disons que le chantier est en cours. Il ne faut pas oublier que nous avons eu une longue discussion avec l'Unesco pour le choix du site qui va abriter le musée. Nous sommes sur un site classé « Patrimoine mondial » depuis 1985 et il faut quelques précautions pour bâtir un nouvel édifice sur ce site. Les discussions sont achevées définitivement, les différents plans validés au Bénin comme par l'Unesco. Et après, il faut recruter une entreprise qualifiée pour réaliser le chantier. Ce n'est pas une question de ressources financières. Il faut trouver la bonne entreprise et nous sommes là en ce moment pour trouver l'entreprise qu'il faut pour réaliser ces travaux-là. Mais tout est prêt, je peux vous l'assurer. On espère qu'en deux ans le chantier sera terminé.

Donc, 2026 ?

Oui.

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