Au cours du lancement officiel, ce mercredi 6 novembre 2024, au Centre Financier à Kinshasa, des Etats Généraux de la Justice, Constant Mutamba Tungunga, Ministre d'Etat en charge de la Justice et Garde des Sceaux a peint un tableau sombre de la Justice congolaise. Devant le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui a donné le go de ces travaux, il a énuméré une série de maux qui rongent l'appareil judiciaire et qui font à ce qu'elle ne soit pas à la hauteur des attentes du peuple. Conditions de travail des magistrats, traitements des dossiers judiciaires, arrestations récurrentes, Constant Mutamba a balayé tous les angles et a donné une vue panoramique de la Justice lors de son intervention.
D'entrée de jeu, il a présenté des statistiques selon lesquelles, la majorité des congolais se plaindrait de la distributivité de la Justice. Pour lui, ce fait serait un des causes des plaintes de la population qui s'insurge à maintes reprises sur le non-respect du principe selon lequel nul n'est au-dessus de la loi.
"7 congolais sur 10 sont insatisfaits de la manière dont la justice est administrée. Ces congolais ne se retrouvent pas dans la distribution de cette justice aujourd'hui en RDC, d'où les différents jérémiades et plaintes, et tensions sociales observées au sein de notre société", a-t-il dénoncé.
Dans son discours, il a évoqué entre autres les dérives des agents des différents parquets lors des opérations d'arrestation, et des fois, certains abus des chefs des juridictions dans le traitement des litiges entre des particuliers.
"Mais, quels sont certains maux observés depuis que nous sommes Ministre de la Justice. Vous avez des spoliations des biens publics tout comme ceux des privés. Des maisons des paisibles citoyens qui sont des fois spoliées de manière injuste et illégale. 80% des plaintes que nous recevons résultent des spoliations des maisons des particuliers. Vous avez des arrestations arbitraires, parfois qui ne respectent pas les normes et les délais, qui sont pourtant prescrits par nos lois et par la Constitution. Vous avez la surpopulation carcérale, où dans des prisons, les prisonniers sont entassés comme des sardines et certains en meurent même par étouffement. Vous avez Mr le Président, des saisies intempestives des comptes et des avoirs aussi bien des sociétés publiques que privées et mêmes des services publics", a décrié le Ministre d'Etat, tout en appelant à une réforme profonde dans ce secteur.
En outre, en ce qui concerne les conditions de travail du corps judiciaire, qui manque parfois de moyen de déplacement, Constant Mutamba a plaidé auprès du Chef de l'Etat pour que cette situation soit décantée et les diseurs des lois disposent enfin des ressources nécessaires qui devront leur permettre de mieux jouer leur rôle. Car, selon lui, plusieurs magistrats ont déserté les juridictions se trouvant à l'intérieur du pays par manque de prime.
"Vous avez des mauvaises conditions de vie de différents acteurs de la Justice. Lorsqu'un Magistrat tombe malade, il est obligé parfois de fournir beaucoup d'efforts pour se faire soigner. Lorsqu'un Magistrat meurt, les autres sont obligés de se cotiser pour pouvoir enterrer l'un des leurs. Il n'y a pas de prime de brousse d'où la plupart des magistrats préfèrent se réfugier ici à Kinshasa et refusent d'aller à l'intérieur du pays.
Et donc, dans la plupart des juridictions à l'intérieur du pays il n'y pas des juges, il y a insuffisance des magistrats. Conséquence, la justice n'est pas bien dite à l'intérieur du pays. Mais, cela est dû notamment aux mauvaises conditions de vie et de travail des magistrats parfois qui prennent des risques pour ceux qui acceptent car ils n'ont pas des moyens de transport", a-t-il lancé, sous les acclamations de l'auditoire qui, manifestement, a adhéré à ce discours qui prône le toilettage du secteur judiciaire congolais.