L'Afrique se retrouve à la croisée des chemins. D'un côté, le continent présente un énorme potentiel de croissance, de l'autre, les défis sont particulièrement marqués dans des secteurs à fort impact, tels que l'infrastructure, l'énergie, la santé et l'éducation, qui freinent le développement économique général.
Intervenant mardi matin à la conférence de l'Association of African Development Financial Institutions (AADFI), tenue à l'hôtel Hennessy Park, à Ébène, Anthony Ehimare, Chief Risk Officer à l'African Trade and Investment Development Insurance, a mis en exergue les grands risques qui existent sur le continent et qui constituent des obstacles au financement des projets.
Ces obstacles, a-t-il dit, incluent des risques et des incertitudes, qu'ils soient perçus ou réels. «De nombreux investisseurs et institutions financières considèrent l'Afrique comme un environnement à haut risque en raison de l'instabilité politique, de la volatilité économique et du manque perçu de protections juridiques pour les investissements.» Cette perception, a-t-il souligné, conduit à «des taux d'intérêt plus élevés, une disponibilité de crédit réduite et un accès limité aux marchés de capitaux internationaux».
Le Chief Risk Officer est allé plus loin, en mettant l'accent sur le déficit d'infrastructures du continent. Citant les chiffres de la Banque africaine de développement, qui soutiennent que le continent fait face à un «écart de financement des infrastructures annuel de 68 à 108 milliards de dollars», il a avancé que «cet écart limite la capacité de développer des réseaux de transport, d'énergie et de communication essentiels à la croissance économique».
En raison des risques que présente l'Afrique, l'accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises (PME) est, selon lui, limité. Les PME, a-t-il rappelé, sont l'épine dorsale de l'économie africaine et elles luttent souvent pour obtenir un financement abordable. «Sans accès au capital, elles ne peuvent pas croître, innover ou contribuer à la création d'emplois.»
Instabilité
L'un des risques qui s'ajoutent à cette liste est l'instabilité économique et politique du continent. Anthony Ehimare a soutenu que pour certains pays africains, l'instabilité politique et les fluctuations économiques ajoutent à l'incertitude pour les investisseurs et les prêteurs. «L'un des principaux défis auxquels les économies africaines font face est la perception du risque politique, qui inclut des problèmes tels que l'expropriation, l'inconvertibilité de la monnaie et la violence politique. Le manque de stabilité entraîne une réticence des institutions financières internationales et des investisseurs privés à s'engager dans des projets à long terme.»
Il a ajouté : «Ces risques peuvent décourager l'investissement direct étranger, qui est crucial pour le financement de projets d'infrastructure et de développement à grande échelle.» Pour que l'Afrique puisse réussir dans les secteurs de l'infrastructure, de l'énergie, de la santé et de l'éducation, considérés comme des secteurs à haut impact, il estime que «ces secteurs nécessitent des investissements substantiels pour garantir que l'Afrique puisse répondre aux besoins et aux aspirations de sa population et rester compétitive dans l'économie mondiale».
Tout en reconnaissant ces défis, d'autres intervenants à la conférence ont également souligné l'importance de passer à l'action. Présente à cette conférence, Patricia Ojangole, directrice générale de l'Uganda Development Bank Ltd et première vice-présidente de l'AADFI, n'a pas caché que l'Afrique présentait toujours de réels défis qui freinent son développement.
La pauvreté, le chômage et l'inégalité sont quelques-uns des problèmes qui perdurent sur le continent. De plus, la situation, a-t-elle ajouté, se complique encore avec le changement climatique, qui cause des désastres sur le continent. Pour elle, il est crucial de faciliter les investissements dans les secteurs clés malgré les risques présents, car des opportunités existent dans les domaines de l'énergie, du changement climatique, de la productivité, de l'infrastructure et de l'innovation.
Face aux défis actuels, Admassu Tadesse, président du groupe et directeur général de la Trade and Development Bank, a appelé à réduire la bureaucratie afin que les pays nécessitant des investissements puissent les recevoir rapidement, au lieu d'attendre au moins cinq ans pour en bénéficier.