À Madagascar, la campagne du litchi s'apprête à démarrer. C'est donc dès le mardi 12 novembre 2024 que les fruits pourront commencer à être récoltés sur la côte Est. Quatre navires frigorifiques sont en route pour venir récupérer le précieux fruit rose. Comme chaque année, les enjeux économiques sont immenses : la Grande Île est le premier producteur mondial de litchi et approvisionne quasiment l'essentiel du marché européen pour les fêtes de fin d'année. Seulement, cette année, les prévisions annoncent une grosse baisse de la production. A Tamatave, l'ambiance est très tendue.
Pour cette année 2024, les agronomes parlent d'une campagne « très précoce ». Les fruits présentent une maturité de plus de quinze jours d'avance par rapport à l'an dernier à la même date. Autre donnée importante : d'après les évaluations terrain de ces derniers jours, les volumes attendus sont bien moins élevés qu'en 2023.
Le « changement climatique »
« Il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer cette situation », commente Judith Riccati directrice exécutive adjointe du Centre technique horticole de Tamatave (CTHT) qui coordonne les études agronomiques autour de la filière litchi. « Depuis les trois premiers mois de l'année, dit-elle encore, on a constaté une pluviométrie très élevée, dans les 2 500 millimètres, ce qui a beaucoup impacté le développement et la croissance des plants. Il y en a qui ont commencé à fleurir et les fleurs sont tombées à cause de la forte pluie. Ensuite, les fruits ont besoin d'un choc climatique, de températures qui descendent vers 15-16°C. Et cette année, on l'a eu difficilement. Enfin, surtout, les arbres sont très âgés et ils sont donc moins réactifs aux changements climatiques. »
Rectifier ?
Pour tenter de rectifier cette situation économiquement dommageable, les ingénieurs agronomes ont émis différentes propositions : « Soit diminuer le quota à exporter mais là, à ce stade, on pense que ce n'est plus la solution par rapport aux commandes et aux logistiques déjà bien engagées. Ou bien étaler la collecte, c'est à dire aller dans des zones plus éloignées, plus enclavées, pour respecter le volume demandé. »
Autrement dit, allonger la durée de chargement des bateaux, aujourd'hui circonscrite à deux jours et demi pour des questions financières. Une solution maintes fois étudiée par la filière à Madagascar, mais qui en vingt ans, n'a jamais réussi à être appliquée.
Chronique des matières premières Une saison de tous les dangers pour le litchi malgache