L'Assemblée nationale congolaise a approuvé, sur proposition du gouvernement, une nouvelle prorogation de l'état de siège dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu, une mesure exceptionnelle instauré depuis mai 2021, initialement pour éradiquer les groupes armés qui sévissent dans l'est du pays. Pour la 85e fois, ce régime spécial a été reconduit, mais cette fois, l'Assemblée nationale a exprimé une vive indignation face à ce renouvellement sans avancées concrètes. Les députés n'ont pas caché leur exaspération devant l'absence de résultats significatifs, alors que la violence persiste dans l'est de la RDC. Un message clair a été adressé au chef de l'État.
Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale, s'est entretenu avec le chef de l'État, Félix Tshisekedi, au sujet de l'état de siège dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu. « Je lui ai dit que les gens ne voient plus l'importance de l'état de siège », a-t-il déclaré.
Partager les informations
Il a plaidé pour que le président reçoive en audience les députés issus des provinces concernées afin qu'ils partagent directement leurs informations et leurs préoccupations. D'après Vital Kamerhe, Félix Tshisekedi a donné son accord pour cette rencontre, bien qu'aucune date n'ait encore été fixée.
En parallèle, les députés ont décidé de mener leur propre évaluation de l'état de siège. Une séance à huis clos sera organisée avec la participation des gouverneurs militaires de l'Ituri et du Nord-Kivu, ainsi que des vice-premiers ministres chargés de la Défense et de l'Intérieur. De son côté, la Première ministre de RDC, Judith Suminwa, a également prévu une évaluation avant la fin du mois. Une mission de travail dans les deux provinces est envisagée autour du 21 novembre. Vital Kamerhe insiste pour que cette évaluation soit menée « en toute transparence » avec le Parlement.
« Rétablir » les institutions civiles
En août 2023, des personnalités politiques et des membres de la société civile avaient déjà appelé à la levée de cette mesure et demandé au gouvernement de « rétablir » les institutions civiles tout en « renforçant les opérations militaires de grande envergure » dans la région. Des organisations comme Amnesty International dénoncent une utilisation de cet état de siège pour réprimer les voix dissidentes ; Human Rights Watch a notamment rapporté des arrestations de défenseurs des droits humains.