Madagascar: Appareillage orthopédique - Des amputés retrouvent l'espoir

Une ONG indienne est à Madagascar pour fabriquer des prothèses sur mesure, gratuitement. Cette grande mission humanitaire cible six cents bénéficiaires.

L'espoir renaît chez des individus nés sans pied ou amputés de la jambe. Ils remarchent, grâce à des prothèses de pieds, offertes gratuitement par l'organisation non gouvernementale indienne (ONG) Bhagwan Mahaveer Viklang Sahayata Samiti (BMVSS), une grande organisation pour les personnes en situation de handicap, au niveau mondial.

Parmi les premiers bénéficiaires, Pierre Jacques, Mamy Rafidimanantsoa, Fanilo, Sylvenant Rabarivelo, Andriamirado, qui, hier matin, encore, déambulaient, les uns avec des béquilles, les autres, avec une prothèse abîmée par l'usure, ou encore sans pieds complets. « Elle est très différente de ce que j'ai porté, auparavant, cette nouvelle prothèse. La matière est très confortable. Elle me va bien, ni trop serrée, ni trop large. Cette équipe indienne est très professionnelle », témoigne l'un d'eux, lors de l'essai de la prothèse, hier en fin d'après-midi. C'était dans une salle de la zone Galaxy Andraharo qui a été transformée en un atelier de conception de prothèse, temporairement.

Sylvenant Rabarivelo, un homme de 59 ans qui habite à Sambava, amputé de la jambe gauche à cause du diabète, il y a 6 ans passés, a hâte d'essayer cet appareillage orthopédique sur ses champs de culture. « L'agriculture est ma passion. Mais depuis que j'ai perdu ma jambe, je n'ai plus travaillé mes terres. J'espère pouvoir retravailler, une fois la prothèse placée », s'exprimait-il, après la prise de mesure de son nouveau pied, hier matin.

Partenariat

Fanilo, un petit garçon en provenance d'Ambatondrazaka, né sans les deux pieds et les deux avant-bras, est, aussi, tout excité d'avoir de nouveaux pieds. « Il en a déjà, mais, comme il grandit, il a besoin de prothèses à sa taille », témoigne son frère Christian Randrianarison, à sa place.

Ces personnes en situation de handicap ne vont pas uniquement remarcher. « Elles pourront tout faire avec les prothèses pied, comme marcher, jouer au football ou encore, courir. Les prothèses manuelles, par ailleurs, leur permettent même d'écrire », explique le Dr Déependra Mehta MD, secrétaire technique auprès de cette ONG.Cette ONG va fabriquer six cents prothèses de membres inférieurs et vingt prothèses de membres supérieurs, pendant cette mission humanitaire, qui est un partenariat du gouvernement malgache avec le gouvernement indien. « Il y a encore cent prothèses disponibles pour les personnes qui souhaitent en porter. Ils peuvent s'inscrire sur la page Facebook de notre association, » indique la Dre Liliane Andriamananony, présidente de l'association Mahatsangy qui est l'initiatrice de cette mission humanitaire.

De nombreuses personnes se trouvent sans un voire les deux membres inférieurs, à Madagascar, mais très peu portent un appareil de remplacement, qui peut leur procurer plus d'autonomie. Environ 15 % de la population à Madagascar est porteurs de handicaps, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). « Les enquêtes que nous avons réalisées auprès du centre d'appareillage de Madagascar (CAM) ont révélé que seulement deux cent soixante personnes sont venues auprès de ce centre pour une demande de conception de prothèse, en 2022, » rapporte la Dre Liliane Andriamananony.

Les appareillages sont inabordables pour la grande masse, à Madagascar, « à cause d'une taxe douanière de l'ordre de 30 % pour les équipements et le matériel des personnes avec une incapacité physique ». « 1 000 000 d'ariary», c'est environ le coût de la prothèse pied dans les centres d'appareillage à Madagascar. Avec un salaire minimum de 250 000 ariary, il est difficile pour un paysan, même pour un simple fonctionnaire, d'en avoir.

« L'État peut bien supprimer cette taxe douanière sur les équipements et matériel utilisés par les personnes en situation de handicap. L'idéal serait qu'il participe en partie ou entièrement au prix des appareillages. Les donations ne sont pas des solutions. Il faudra une politique nationale bien définie. La solidarité nationale est souhaitée », a lancé le réseau malgache du handicap.

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