En Tunisie, le phénomène de l'abandon scolaire persiste malgré le caractère obligatoire de l'éducation pour les enfants entre 6 et 16 ans. Selon l'Observatoire Tunisien de l'Économie, 91.222 élèves ont quitté l'école en 2021/2022, soit 4 % de l'ensemble des élèves, avec des disparités marquées entre les niveaux scolaire et les régions, notamment dans le gouvernorat de Kasserine.
En 2021/2022, la Tunisie a enregistré un taux d'abandon scolaire de 4 % tous niveaux confondus, représentant 91.222 élèves, selon les chiffres publiés par l'Observatoire Tunisien de l'Économie. Bien que ce taux reste relativement bas au cycle primaire (0,7 %), il s'élève de manière significative au cycle préparatoire, atteignant 7,8 %. Ce constat met en lumière des défis persistants malgré l'obligation scolaire pour tous les enfants tunisiens entre 6 et 16 ans.
Kasserine au coeur de la crise
Le gouvernorat de Kasserine, particulièrement touché par ces disparités, affiche l'un des taux d'abandon scolaire les plus élevés du pays, avec un taux de scolarisation de seulement 90,07 % au niveau primaire et collège en 2014, en dessous de la moyenne nationale de 95,9 %. Ce problème touche particulièrement les filles, dont les taux de scolarisation descendent sous la barre des 85 % dans certaines localités.
La même source ajoute que les causes de cet abandon sont étroitement liées aux disparités socio-économiques. En 2020, le taux de pauvreté atteignait 33,6 % dans la région, la plaçant en tête des régions les plus défavorisées de Tunisie. À cela s'ajoute une situation économique fragile : Kasserine occupe la dernière place en termes d'indice de développement régional, aggravant les difficultés d'accès à l'éducation. En effet, le manque d'infrastructures scolaires, l'éloignement des établissements et le coût des fournitures scolaires expliquent 46,7 % des abandons déclarés par les ménages de la région Centre-Ouest.
Et malgré les engagements de l'État inscrits dans la Constitution de 2022 et les conventions internationales comme celle d'Abidjan, les ressources allouées à l'éducation demeurent insuffisantes. Entre 2016 et 2023, les dépenses éducatives représentaient seulement 5,5 % du budget global d'investissement public, et ce pourcentage atteint à peine 5,8 % dans la région de Kasserine. "Face à cette situation, une révision urgente des politiques de financement de l'éducation s'impose pour répondre aux besoins spécifiques des régions défavorisées, en vue d'améliorer l'accessibilité et la qualité de l'enseignement", indique l'OTE.