« Celui qui se bat pour quelque chose, c'est pour lui la chose ». Ainsi parlait l'ancien chef de l'Etat burkinabè, Henri Paul Sandaogo Damiba. Et manifestement, l'on peut en dire autant pour Affi N'guessan fraichement réélu à la tête du Front populaire ivoirien (FPI) qui a tenu le week-end écoulé, son congrès à Yamoussoukro.
L'homme a, en effet, été plébiscité par un score soviétique de 99% des voix. Et pour lui, ce chiffre est la marque de la confiance que lui portent ses camarades en raison du travail qu'il fait depuis près de trois décennies et des sacrifices consentis pour le parti. Faisant d'une pierre deux coups, les militants du FPI ont aussi investi leur président pour porter les couleurs de leur parti à la présidentielle de 2025. Selon l'un de ses militants, Affi N'Guessan a, au regard de son parcours politique, le profil parfait de l'emploi.
« Il a été Premier ministre dans ce pays. Il a été président du Conseil régional, il a été député et maire. Donc, vous voyez qu'il a gravi tous les échelons. Et il a toutes les compétences pour diriger le pays ». De prime abord, l'on peut tresser des lauriers à Affi N'Guessan qui peut considérer ce double plébiscite comme une victoire personnelle. Car, c'est la marque de son triomphe sur ses adversaires.
Affi N'Guessan devrait avoir le triomphe modeste
Après avoir remporté la bataille judiciaire, l'homme que l'on annonçait mort politiquement, vient de clouer sur la ligne d'arrivée, tous ses challengers dans un sprint final qui l'autorise à se mettre dans les starting-blocks de la course pour la présidentielle. Mais l'homme devrait avoir le triomphe modeste. Car, c'est véritablement le plus dur qui commence pour lui.
Car, face à lui pour la présidentielle, se dressent des géants dont son ancien mentor Laurent Gbagbo et aussi probablement le président Alassane Dramane Ouattara. Malheureusement, ce combat de titans s'engage au moment où, il faut le rappeler, le FPI n'est pas au mieux de sa forme. Le parti, en effet, fait face à une énorme fronde qui a donné lieu à des exclusions de nombreux militants et pas des moindres.
Dans un tel cas de figure, l'on peut se demander si Affi N'Guessan qui a laissé certainement des plumes dans cette bagarre interne, n'arrive pas sur la ligne de départ avec un pied cassé. Mais cela pourrait ne pas être une fatalité. Et la condition que cela n'en soit pas une, c'est de travailler, dès la sortie du congrès, à colmater les brèches en tendant la main à ses détracteurs.
Et pour ce faire, l'homme doit savoir faire son autocritique. Cela dit, l'autre carte que l'homme peut jouer est de rechercher des alliances. Car, il faut le dire, le FPI ne fait plus, à lui seul, le poids. En d'autres termes, Affi N'Guessan pourrait opter de « vendre » son parti pour espérer rafler une grosse mise au sortir de la présidentielle qui pourrait lui permettre de rebondir politiquement.