Bakou, la capitale de la République caucasienne de l'Azerbaïdjan, accueille du 11 au 22 novembre 2024, la Conférence des Nations unies sur le climat, au cours de laquelle se tiendra le 29e sommet mondial de la Conférences des Parties (COP) au terme duquel on espère pouvoir prendre d'importantes décisions politiques à la cause du climat.
L'enjeu majeur de cette COP-29 est de parvenir à un accord solide et chiffré en matière de financement de la lutte acharnée contre les dérèglements climatiques, lancée, on s'en souvient, il y a 29 ans dans la ville allemande de Berlin. Tout cela est bien beau, mais on peut, d'ores et déjà, imaginer les difficultés qui apparaitront au grand jour quand le moment viendra de mettre en pratique les conclusions qui en sortiront. D'autant que ce sommet intervient dans un contexte géopolitique et économique marqué par une baisse tendancielle de la croissance mondiale, et par des contraintes et coupes budgétaires drastiques dans quasiment tous les pays.
On comprend donc pourquoi, à l'échelle nationale, les gouvernements participant à ce sommet aient relégué, pour la plupart, le sujet de la crise climatique, au second plan dans l'ordre des priorités, et pourquoi les observateurs et analystes ne sont guère optimistes quant à l'effectivité du financement de la lutte contre les effets gravissimes de la crise du climat, à l'issue de ce 29e sommet.
Les lignes ne bougeront pas à Bakou malgré les promesses et les professions de foi
Le pessimisme est d'autant plus justifié que cette année, la COP se tient au moment où le monde est ébranlé par des multiples conflits internationaux, et après l'organisation d'une série d'élections marquées par la montée en puissance de l'extrême droite dans plusieurs pays pollueurs d'Europe. Si on ajoute à tout cela le départ programmé du pouvoir de l'Américain Joe Biden, qui était une fenêtre d'opportunité pour aider à limiter le réchauffement de la planète, on peut dire que les lignes ne bougeront pas à Bakou malgré les promesses et les professions de foi.
Le comble, c'est que le successeur déjà connu de Biden, Donal Trump, s'est toujours affiché ouvertement climato-sceptique, et détricotera, à coup sûr, tous les accords tendant à rendre inéluctable la transition vers les énergies propres et renouvelables, en bloquant la part contributive des Etats-Unis. Pour la deuxième fois consécutive, il n'y aura pas de président américain à la COP, et d'autres chefs d'Etat parmi les plus puissants au monde brilleront, eux-aussi, par leur absence : Vladimir Poutine de la Russie, Emmanuel Macron de la France, Justin Trudeau du Canada et Olaf Scholz de l'Allemagne, pour ne citer que ceux-là, vont snober pour des raisons diverses, le sommet de Bakou.
C'est vrai que plus de 100 chefs d'État et de gouvernement sont présents dans la capitale azerbaïdjanaise, mais cela ne suffit pas à rassurer ceux venus d'Afrique et d'Asie notamment, qui espéraient voir cette COP dite "financière" mobiliser les moyens nécessaires à la réduction drastique des effets néfastes du changement climatique qui affectent sérieusement toutes les perspectives de développement durable et érodent inexorablement le pouvoir d'achat des couches les plus vulnérables de la société.
Les pays du Sud devraient mettre les bouchées doubles pour la conservation de la biodiversité
Certains vont jusqu'à parler de « perte de temps totale », si ce n'est de « sommet inutile », quand d'autres dénoncent la grande hypocrisie de tous ces absents qui sont pourtant censés être les principaux acteurs dans la lutte contre la dégradation continue de l'environnement. Les Africains et les Asiatiques, qui sont les victimes collatérales pour ne pas dire innocentes du réchauffement climatiques du fait de l'utilisation abusive des combustibles fossiles par les grandes puissances, ont raison d'en avoir ras-le-bol.
Et de crier haro sur le baudet, surtout quand on sait que beaucoup de pays en développement ont récemment enregistré des crues soudaines ou des pires sécheresse de leur histoire, du fait justement de la duplicité et de l'ambivalence des plus grands émetteurs de gaz à effets de serre et d'autres produits polluants. Les conséquences de ces catastrophes naturelles sapent non seulement les efforts de lutte contre la pauvreté, mais brisent aussi et surtout des vies entières avec des dégâts matériels et humains dont l'ampleur est difficile à évaluer.
Et pour éviter tous les symptômes de la catastrophe climatique, les pays en développement doivent se rendre à l'évidence que la solution ne viendra pas forcément et seulement de Bakou ou de la ville brésilienne de Bélem qui abritera la prochaine COP, mais peut-être d'eux-mêmes d'abord avec la nécessaire mutualisation de leurs propres moyens financiers, et à travers la vulgarisation des sources d'énergie renouvelable comme l'énergie solaire, éolienne et hydroélectrique dont l'Afrique à un énorme potentiel.
Concomitamment, les pays du Sud comme on les appelle, devraient mettre les bouchées doubles pour la conservation de la biodiversité afin de réduire considérablement les vulnérabilités socioéconomiques de toutes ces populations qui s'adonnent majoritairement aux activités agrosylvopastorales, en attendant que l'ONU cesse de faire des siennes avec cette question du réchauffement climatique qui, on ne le dira jamais assez, est cruciale pour l'avenir de la planète.