Le colonel Mamady Doumbouya, récemment autopromu Général, qui est à la tête de la Guinée depuis le coup d’état du 05 septembre 2021 et a mis fin au régime du Pr Alpha Condé, avait publiquement pris l’engagement d’organiser un référendum sur la nouvelle constitution avant la fin de l’année de 2024. Le faisant, il devait ainsi parachever la transition, pour aller vers des élections démocratiques.
Il faut rappeler qu’en juillet 2024 déjà, l’avant-projet de constitution avait été dévoilé pour faire l’objet de concertations qui se voulaient largement inclusives. L’organisation internationale de la francophonie qui avait soutenu le processus a, par la suite, donné un satisfecit au régime en place et dans la foulée, la CEDEAO a levé la mesure de suspension aux activités de l’OIF, permettant ainsi à la Guinée de prendre part au XIX sommet de Villers-Cotterêt en France.
Tout semble donc être sur de bons rails, avec un blason redoré à l’international, sauf que la machine commence à se gripper avec la décision du Général Doumbouya d’initier une campagne de promotion du nouveau texte Constitutionnel, qui a terme, rendra très probablement caduque l’échéance de décembre promis par la junte pour la fin de la transition.
Pendant ce temps la plupart des partis d’opposition, 53 au total sont dissous et les 3 grands ténors sont « mis sous observation » voire suspendus d’activité.
C’est comme qui dirait que les dés de la compétition annoncée sont déjà pipés. Or, il reste un point crucial sur lequel la nouvelle constitution fait débat, c’est bien entendu la candidature du Général Doumbouya à la prochaine présidentielle, que ses partisans crient à tue- tête, quoique lui-même ait déclaré solennellement « Nous allons organiser bien sûr la transition mais nous ne ferons pas partie de l’après-transition. Pour nous, c’est clair et ça doit l’être »,
Le plus probable aujourd’hui, selon certains observateurs, est que le régime en place cherche à faire du dilatoire, pour d’abord se mettre en dehors du délai prévu pour l’adoption de la nouvelle Constitution, et ensuite l’entrée en fonction de nouvelles institutions avec la tenue de l’élection présidentielle, et par conséquent, celles des membres de l’Assemblée nationale et du Sénat.
Pour cela bien entendu, il n’est nullement nécessaire de faire la promotion de la nouvelle constitution, d’autant plus que la campagne référendaire sera l’occasion d’un vaste exercice d’explication, de communication sur ses tenants et aboutissants, et de partage du texte.
A quelques encablures de l’échéance fixée pour le terme de la transition, le Général Doumbouya est sur une perspective de conservation du pouvoir, d’abord en faisant le vide dans l’espace politique, ensuite en bâillonnant les médias, et "last but not least" en organisant son plébiscite « au nez et à la barbe » de la CEDEAO, dans un délai qui assurément n’est pas tenable.
Que reste-t-il de son engagement à quitter le pouvoir, pris devant les membres du parlement de transition, au terme des deux ans que va durer la transition à partir du 1er janvier 2023, C’est-à-dire au 1er janvier 2025 ? Probablement rien !