Au Mali, le début de semaine s'annonce chargé sur le plan judiciaire avec le retour sur le devant de la scène de deux affaires emblématiques de la restriction des libertés civiques dans le pays. Avant que la cour d'appel ne se prononce, mardi 12 novembre, sur la remise en liberté provisoire des 11 cadres politiques arrêtés en juin dernier, l'économiste Etienne Fakaba Sissoko comparaît, ce lundi, pour avoir dénoncé dans un livre la « propagande » du gouvernement de transition.
Etienne Fakaba Sissoko, qui a été condamné en mai dernier à deux ans de prison - dont un ferme - et à payer 3 millions de francs CFA de dommages et intérêts pour « atteinte au crédit de l'Etat » après avoir dénoncé dans un livre la « propagande » du gouvernement de transition, va comparaître prisonnier ce lundi 11 novembre, le parquet général ayant refusé sa remise en liberté provisoire. La cour d'appel s'y était pourtant montrée favorable le mois dernier. Se montrera-t-elle aussi compréhensive aujourd'hui avec l'économiste sur le fond du dossier ? Etienne Fakaba Sissoko est incarcéré depuis sept mois et demi. Sa défense dénonce une procédure « politique » et déplore l'« acharnement » qui le vise.
Le livre dans lequel l'enseignant-chercheur décrit la « propagande du gouvernement », pointant notamment l'emploi de « videomen » par la Primature, est un travail universitaire constitué de vérités factuelles et s'appuyant, notamment, sur des déclarations publiques, selon Me Ibrahim Marouf Sacko. Quant à l'organisation de défense des droits humains Amnesty international, elle considère que la détention d'Etienne Fakaba Sissoko est « arbitraire » et que sa peine doit être « révoquée ».
Mardi 12 novembre, la cour d'appel se penchera ensuite sur le cas des 11 anciens ministres et dirigeants de partis arrêtés au mois de juin dernier. Ces membres de la « Déclaration du 31 mars » pour le retour à l'ordre constitutionnel sont notamment poursuivis pour « opposition à l'exercice de l'autorité légitime » et « complot ». Ils s'étaient réunis en mars dans un domicile privé. A cette période, les autorités de transition avaient suspendu les activités politiques des partis et des associations dans le pays.
La date du procès des 11 n'est pas encore fixée. Ce mardi, la cour d'appel se prononcera sur leur demande de libération sous contrôle judiciaire ordonnée au mois de septembre par le juge d'instruction en charge de l'affaire mais refusée par le procureur.