Durant une émission spéciale diffusée à la radio et à la télévision publique hier, le chef de l'État affirme que l'année prochaine, il ne devrait plus y avoir de délestage. Comme argument, il met en avant différents projets, en particulier la construction de parcs solaires.
Le salut viendra de l'énergie solaire. C'est ce qui pourrait résumer la première partie de l'interview de Andry Rajoelina, président de la République, diffusée hier à la télévision publique, TVM. Il a mis l'accent sur la question énergétique. En conclusion, il déclare sans ambages : «Avec tous les investissements que nous avons faits et que nous ferons, il ne devrait plus y avoir de délestage l'année prochaine «.
Les projets auxquels le président de la République fait référence portent essentiellement sur la construction de parcs solaires. «Nous avons déjà investi dans des équipements pour la mise en place de parcs solaires. Ils sont déjà au port de Toamasina et auraient dû être installés depuis plusieurs mois. Seulement, les ministres qui se sont succédé n'ont pas été efficaces. Maintenant, leur installation est une priorité des priorités», explique-t-il.
En début d'année, le locataire d'Iavoloha a effectivement réceptionné au port de Toamasina les équipements susmentionnés. Selon ses dires, hier, les 20 mégawatts sur les 50 mégawatts en attente d'installation sont destinés au Réseau interconnecté d'Antananarivo (RIA). Dans un premier temps, ils permettront d'atténuer la charge financière qu'impose la maximisation de la production par les groupes thermiques.
Le locataire d'Iavoloha rappelle que pour éviter des coupures entre 6 heures et 22 heures, en cette période d'étiage, il faut 600 millions d'ariary par jour pour l'achat des fuels lourds. Il faut y ajouter jusqu'à 500 millions d'ariary par jour pour l'achat du gasoil nécessaire pour les cinq heures durant lesquelles les deux Turbines à combustion (TAC1 et TAC2) sont utilisées en renfort.
Opportunités
Le retour de la pluie devrait aussi aider à sortir de la crise énergétique actuelle. À cause du manque d'eau, les centrales hydroélectriques sont au plus bas de leur production. C'est la principale raison du délestage, d'après les explications martelées par la Jirama et l'État. Avec ses 112 à 114 mégawatts, lorsqu'elle tourne à plein régime, la centrale d'Andekaleka fournit jusqu'à 55 % des besoins du RIA. Il y a aussi les centrales de Mandraka et de Farahantsana.
Actuellement, il y aurait un gap de production d'électricité d'environ 70 %, en raison de l'étiage. Une situation renforcée par le changement climatique, argue le chef de l'État. «Il y a ainsi des paramètres qui ne dépendent pas de nous. Mais, quoi qu'il en soit, nous devons y faire face. En tant que responsable, notre devoir est d'apporter des solutions que ce soit dans l'immédiat, à court terme ou à long terme», soutient Andry Rajoelina.
Visiblement, le Président mise sur le solaire, à la fois comme solution à court et à long terme. Il affirme que l'objectif est qu'à la même période l'année prochaine, il n'y aura plus de délestage. «Un projet de 250 mégawatts de parc solaire sera lancé dans le pays l'année prochaine», ajoute-t-il. En plus des 20 mégawatts à construire «en urgence», 150 mégawatts de ces 250 mégawatts seront également destinés au RIA.
Le projet de parc solaire flottant de 50 mégawatts, qui sera construit sur le lac Iarivo à Ivato, est compris dans les 150 mégawatts pour le RIA. «Ce parc solaire flottant devra être impérativement terminé avant la réception du sommet de la SADC [Communauté de développement des États d'Afrique australe], en août», déclare le président de la République.
L'autre objectif de l'accélération de la transition énergétique est aussi d'atténuer les charges de la Jirama et de l'État, ainsi que de redresser les comptes de l'entreprise d'eau et d'électricité, en attendant la concrétisation des projets de construction de nouvelles centrales hydrauliques, qui sont dans la rubrique des solutions à long terme. Les centrales thermiques seront toujours nécessaires pour servir de backup en cas d'aléas climatiques.
Seulement, les groupes thermiques qui approvisionnent actuellement le RIA sont loués par la Jirama à des entreprises privées. Pour une production totale de près de 124 mégawatts, ils sont loués jusqu'à «160 millions de dollars par an», à s'en tenir aux dires du Président. «C'est pourquoi l'État a décidé d'investir dans l'achat de groupes thermiques d'un total de 105 mégawatts pour la Jirama», ajoute-t-il. Ils fonctionnent au fuel lourd.
Ici encore, les équipements pour l'installation de ces groupes thermiques à Ambohimanambola sont déjà entreposés au port de Toamasina depuis plusieurs mois. Hier, Andry Rajoelina a ainsi soutenu qu'il a donné comme consigne «qu'ils soient installés avant le 1er avril [2025]». Sur la question des tergiversations dans la mise en oeuvre de ses directives, il répond : «Je suis le président de la République. Il y a des responsables à différents niveaux. Donc, lorsque je donne une directive, il leur incombe de l'exécuter».
Outre l'électricité, la crise de l'eau a aussi été abordée hier. Le chef de l'État en a profité pour rappeler les différents projets en cours et à venir pour combler le gap de 100 000 m³ d'eau nécessaire aux habitants d'Antananarivo et ses environs. Il a, par ailleurs, profité de l'occasion pour affirmer : «Certes, il y a des problèmes, mais ce sont aussi des opportunités pour changer et améliorer les choses. Je reste debout et déterminé. Je suis toujours prêt à faire face à tous les défis», assure-t-il.