Le Hira Gasy n'est pas seulement un art, c'est une passion qui fait vivre de nombreuses familles malgaches. Pour Herison Gilbert Rasolonjatovo, cet art traditionnel est avant tout un moyen de subvenir aux besoins de ses proches. À 42 ans, père de quatre enfants, Herison considère le Hira Gasy comme sa principale source de revenus.
Depuis quand êtes-vous membre de la troupe Fredy Kely ?
Je fais partie de la troupe Fredy Kely Imerintsiatosika depuis deux ans. Cette troupe a été fondée il y a trois ans par Fredy Kely lui-même. Avant cela, j'étais un artiste local dans mon village autour d'Imerintsiatosika, où je chantais simplement "teny ambony tamboho", avec les groupes de notre communauté. Dès que j'ai connu le Vako-drazana, j'ai su que c'était ma voie. Le Hira Gasy fait partie de notre culture et a toujours fait partie de moi. C'est ma passion qui m'a permis d'intégrer la troupe, et non un casting ou une relation familiale, car le Hira Gasy est un art vivant et collectif, ouvert à tous et non restreint à une seule famille.
Le Hira Gasy suffit-il à nourrir votre famille ?
Oui, le Hira Gasy suffit à nourrir ma famille. Même si je me vois encore comme un apprenti plutôt qu'un maître, je parviens à gagner ma vie grâce à cet art. Lors de chaque spectacle, je rapporte environ 30 000 ar, ce qui suffit pour subvenir aux besoins de ma femme et de mes quatre enfants. Le Hira Gasy est une excellente option pour ceux qui, comme moi, allient passion et travail. Je suis également violoniste autodidacte, ce qui rend cette activité plus facile à exercer pour moi.
Le Hira Gasy a-t-il une saison ? Avez-vous d'autres occupations ?
Oui, le Hira Gasy a bien une saison. De mars à octobre, nous sommes en tournée, participant à des événements comme le Famadihana, des kermesses, des spectacles et des foires dans différentes régions, surtout à la campagne. Nous passons peu de temps à la maison durant cette période. Cependant, d'octobre à mars, je mets de côté le Hira Gasy pour me consacrer à l'agriculture avec ma famille. Nous cultivons des produits que je vends sur les marchés à Imerintsiatosika. Toutefois, le Hira Gasy reste ma principale activité, car il occupe une grande partie de mon temps.
Quels sont vos objectifs personnels dans cet art traditionnel ?
Mon rêve est que le Hira Gasy devienne l'essentiel de ma vie. Ce n'est pas seulement un travail, mais une véritable passion. Je crois que vivre de sa passion est le plus grand des bonheurs. C'est aussi une belle éducation, car à travers cet art, je transmets des valeurs, ou « Soatoavina », et des messages tout en nourrissant ma famille. Mon rêve est de créer ma propre troupe un jour.
J'ai commencé comme un simple artiste dans mon village, et même si je suis encore un stagiaire, j'espère voir ce rêve se réaliser. Je n'ai pas encore écrit mes propres chansons, mais je vais tenter de le faire bientôt, afin d'enrichir mon talent. À 42 ans, je crois encore en mes rêves. Je veux montrer à tous, peu importe l'âge, qu'on peut rêver et réaliser ses aspirations à tout moment de la vie, même jusqu'à notre dernier souffle.