Affaire des routes camerounaises et son cortège de morts. Le Président de la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI) et Président du Mouvement Populaire pour le Dialogue et la Réconciliation (MPDR) vient de prendre position dans une note parvenue ce jour à notre rédaction.
"En effet ce membre du gouvernement est, sans conteste, un des plus visibles et des plus actifs sur le terrain, aux côtés de Luc Magloire Atangana, le Ministre du commerce, Nalova Lyonga des enseignements secondaires et celui de l'agriculture. Et puis, le respect de la mémoire des victimes, commande que nul ne s'en sert pour des polémiques stériles, ou pour des agendas politiques futiles et égoïstes
Un jour, je rencontre le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala dans la salle d'attente d'un aéroport. Je me plains de ce que l'on aurait pu réaliser au moins un échangeur tous les cinq ans dans la ville de Douala, que nous n'en serions pas au cafouillage actuel dans la circulation. Voici sa réponse : vous pensez que ça va changer quoi ?
La vérité aujourd'hui, c'est que le pays tout entier a pris un retard énorme en matières d'infrastructures routières, et chaque jour, les drames s'accumulent, avec des noms célèbres comme le regretté Pr. Gabriel Nlep et beaucoup d'autres anonymes, citoyennes et citoyens ordinaires. La vérité, c'est encore que nous nous couvrons de honte, au regard des expériences tout à côté que nous connaissons ou fréquentons occasionnellement lors de nos déplacements. La vérité, les vérités, il y en existe beaucoup, comme ces autoroutes invisibles qui se trouvent dans les cerveaux de quelques hauts fonctionnaires et non sur le terrain.
La vérité, c'est que les cartons sont pleins de projets, mais comment les engager, si personne ne mange ? La vérité, c'est que le deuxième pont sur le Wouri représente la honte suprême, et que la priorité pour un pont se trouvait ailleurs, plus en haut, vers Bonamoussadi et non là-bas. L'état des lieux, nous le connaissons tous, et c'est ici que commence le devoir de sagesse et de réserve, car nous sommes en réalité, tous responsables. Ngaoundéré-Garoua, Douala -Bafoussam ou encore les accès vers les fonds de l'Est et les fonds du Sud, nous parlent et nous interpellent. On fera mieux un jour, d'autres générations.
Maintenant, depuis janvier, un véritable sort s'acharne sur nous, mais tant qu'il y aura des véhicules et des déplacements, il y aura des accidents, des dérapages, des fautes humaines, des défaillances mécaniques et des morts. Ce qui me préoccupe, ce n'est pas la quête d'explications, ou la construction des excuses dont le pays est passé maître.
Ce qui me préoccupe, c'est l'état d'esprit de certains de nos compatriotes, improvisés et intronisés en juges permanents, en censeurs qui sautent sur toutes les occasions, pour indexer, condamner à mort, détruire encore mieux que la destruction première elle-même. Ce qui est pitoyable, c'est aussi l'ignorance, le peu de volonté de discernement, de recul, de discipline dans le commentaire et d'honnêteté dans la description des faits. On se sent bien en aggravant.
J'ai suivi avec beaucoup d'appréhensions, certains de ces avatars langagiers, lesquels font du ministre des travaux publics, monsieur Emmanuel Nganou Djoumessi, la source des drames, le responsable du piteux état de nos infrastructures routières. Non, là, quelqu'un se trompe, et beaucoup exagèrent. Dans ce qui est fait, ce qui manque, ce qui existe et ce qui nous arrive, se trouve tout simplement le miroir d'un système et d'une culture de la gouvernance, du travail et de la promotion des valeurs par nous voulus, installés et pratiqués depuis des lustres.
Un simple projet de reprofilage d'une piste en terre battue dans un village perdu, entraîne des pressions, des interventions, des recommandations et des propositions à l'infini. Ce ministre est un otage, une proie facile, un véritable souffre-douleur des pressions combinées insupportables et inacceptables.
L'homme à la saharienne de quatre poches et la chaînette de croix qui marque son cou, est sans aucun doute un homme de terrain, même si c'est d'abord un administrateur civil pure sang. Le concert d'attaques et de dénonciations, doit concerner notre système de gouvernance, et non un homme qui sert celui-ci, à un poste où son pouvoir demeure enfermé dans les réseaux croisés et entrecroisés, de nos dérives d'avidité et d'absence de patriotisme.
Laissez la mémoire des morts tranquilles, et accordez à leurs sépultures, la considération et la compassion honnêtes, qui nous imposent de mieux nous prendre en charge, de mieux pratiquer une autocritique collective et de dialoguer davantage. Exiger le meilleur est légitime, mais sans entretenir le tribunal subjectif, et sans aggraver la division et des haines à la survenance de chaque drame. Le Cameroun a pris un retard terrible dans de nombreux secteurs, mais pour le dire et le reconnaître, il faudrait d'abord faire preuve d'humilité et de sagesse, condition pour changer, pour corriger et pour avancer effectivement vers un destin meilleur./."