Ce 11 novembre 2024, durant les états généraux de la justice qui se déroulent du 6 au 13 novembre au Centre financier de Kinshasa, le Secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a affirmé l'opposition de la Cenco à une révision de la Constitution du pays : « Dans les conditions sociales actuelles, qui dit référendum, dit élection et qui dit élection dit donc beaucoup d'argent. Est-ce qu'on peut se le permettre ? »
En République démocratique du Congo (RDC), les évêques donnent de la voix aux états généraux de la justice. Ils se sont exprimés contre la révision constitutionnelle projetée par le président Félix Tshisekedi dont le dernier mandat prendra fin en 2028 et qui est soupçonné par l'opposition et la société civile de vouloir prolonger son séjour au pouvoir.
Monseigneur Donatien N'shole, secrétaire général de l'épiscopat congolais, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), souligne, durant une session à laquelle assistait notre correspondant Pascal Mulegwa : « Les évêques reconnaissent la pertinence de certaines questions qui, éventuellement, méritent d'être révisées. Mais, concernant ces questions d'opportunités, vous avez souligné le problème de moyens. Or, dans les conditions sociales actuelles où on a vraiment besoin de beaucoup de moyens pour améliorer le contexte social congolais, qui dit référendum, dit élection et qui dit élection dit donc beaucoup d'argent. Est-ce qu'on peut se le permettre au moment où on doit améliorer les conditions des enseignants, des infirmiers, des policiers, du social ? Donc, le problème, c'est l'opportunité. Et il y en a qui pensent au changement de la Constitution. »
« Les évêques ont conseillé au chef de l'État d'examiner tous les aspects »
Le secrétaire général de la Cenco poursuit : « La Constitution que nous avons aujourd'hui, c'est un pacte des républicains qui a résolu un grand problème de sécurité aussi dans notre pays dont il faut tenir compte. Les évêques ont conseillé au chef de l'État ne pas donner l'ordre et lui ont conseillé d'examiner tous les aspects : les aspects sécuritaires, les aspects sociaux. »
Le 9 novembre, plusieurs personnalités issues du monde politique et de la société civile congolaise ont lancé une coalition pour le « sursaut national » afin de protéger la Constitution de 2006. L'initiative vise à empêcher le président Félix Tshisekedi de la modifier, peut-être dans le but d'effectuer un troisième mandat à la tête de la RDC. Pour eux, toute révision de la loi fondamentale actuelle serait considérée comme un acte de « haute-trahison » envers la Nation.
Le 23 octobre dernier, lors d'un déplacement à Kisangani, dans le Nord-Est de la RDC, le président du pays avait estimé que « l'actuelle Constitution n'est pas bonne, elle a été d'ailleurs rédigée dans un pays étranger ».