À Madagascar, des prothèses de jambes ou de bras sur mesure sont offertes à des personnes amputées ou nées avec des malformations. Pendant un mois, ce dispositif porté par une association malgache et une ONG indienne va bénéficier à plus de 500 personnes de tous âges, venues pour certaines de zones rurales enclavées. C'est une première sur la Grande Île, où l'accès à une prothèse est habituellement très difficile et coûteux.
Il y a trois ans, Jeanne Razafindravony a dû être amputée de ses deux jambes à cause de plaies mal soignées. Cette habitante d'Antananarivo, âgée de 75 ans, vient de recevoir deux prothèses : « Je ne ressens que du bonheur... Vraiment, je ne pensais plus pouvoir remarcher un jour. Avant, j'aimais faire les magasins, aller à l'église. Mais, après l'amputation, j'ai dû rester à la maison. Maintenant, si Dieu le veut, j'aimerais reprendre mes activités : me promener, faire la cuisine, laver mon linge et pouvoir prendre soin de moi toute seule. »
Ses prothèses articulables ont été fabriquées en une journée par une équipe de l'ONG indienne BMVSS, présente à Madagascar durant un mois. « Nous prenons d'abord les mesures du patient avant de procéder à un moulage. Puis, nous utilisons un matériau très résistant qui est chauffé pour venir épouser la forme du moule », explique le docteur Deependra Mehta, secrétaire de cette organisation.
Depuis sa création en 1975, elle a fabriqué plus de 2 millions de prothèses et est intervenue dans 43 pays.
« Avoir des prothèses, ce n'est pas à la portée de tout le monde »
À Madagascar, le dispositif est principalement financé par le ministère indien des Affaires étrangères, auquel s'ajoutent des donateurs privés. Il a été lancé en 2021 par l'association malgache Mahatsangy.
« Avoir des prothèses, ce n'est pas à la portée de tout le monde à Madagascar, du fait des problèmes pécuniers, nous explique le docteur Liliane Andrianarisoa Andriamananony, présidente de l'association, mais aussi des problèmes d'éloignement car beaucoup de gens vivent dans des zones enclavées où il est difficile de rejoindre des centres de santé de proximité. C'est pour cela que nous avons recours à une aide financière auprès des donateurs pour faire venir les gens des provinces. »
L'association Mahatsangy s'est fixée pour objectif d'offrir des prothèses à au moins 1 000 personnes à Madagascar d'ici cinq ans. Des prothésistes malgaches vont également être formés afin d'assurer le suivi des patients une fois que l'ONG indienne aura quitté la Grande Île.