Au Mali, pas de libération provisoire pour les onze cadres politiques de la « Déclaration du 31 mars ». Ces anciens ministres et dirigeants de partis, engagés pour le retour à l'ordre constitutionnel, ont été arrêtés le 20 juin dernier. Ils sont poursuivis notamment pour « opposition à l'exercice de l'autorité légitime ». Le juge d'instruction avait ordonné en septembre leur libération, le procureur s'y était opposé. Ce 12 novembre, la Cour d'appel a, à son tour, rejeté leurs demandes. Les onze cadres politiques restent donc en prison. Une décision « injuste » et purement « politique » selon leurs proches.
« Cette décision n'est pas juste et juridiquement on ne la comprend pas », fulmine l'un des avocats des onze cadres politiques détenus, Maître Ibrahim Marouf Sacko. « Ce sont des chefs de partis d'un certain âge, développe l'avocat, qui ont tenu une réunion dans un domicile privé, qui n'ont pas fait de manifestations, qui n'ont pas posé des barricades, qui ne troublent en rien l'ordre public. Ils ont des domiciles connus, leur libération se serait faite sous contrôle judiciaire. Comment justifier leur maintien en détention ? », s'indigne encore Maître Sacko, qui rappelle que ses clients sont en prison depuis près de cinq mois.
À ce stade, les motivations de cette décision n'ont pas été transmises par la chambre d'accusation de la Cour d'appel.
« C'est du dilatoire pour faire durer le supplice »
En pratique, le dossier des onze anciens ministres et dirigeants de partis doit être renvoyé devant le tribunal de la Commune 5 de Bamako. Le juge d'instruction en charge, qui avait ordonné la libération des accusés au mois de septembre, avant l'opposition du parquet, relancera donc la procédure. Des confrontations pourraient être organisées. Si de nouveaux éléments apparaissent, la défense pourra formuler de nouvelles demandes de libération, dans l'attente d'un procès dont la date n'a toujours pas été fixée.
« C'est du dilatoire pour faire durer le supplice », commente un ancien ministre, membre de la « Déclaration du 31 mars », qui rassemble des organisations politiques demandant le retour à l'ordre constitutionnel au Mali. « Ce durcissement du régime est un signe de fébrilité », analyse un autre, qui se dit « déçu mais pas surpris ». « La justice malienne est caporalisée » par les autorités de transition, conclut enfin un cadre de l'opposition, qui estime que « le vrai motif de cette décision est politique. Il s'agit d'instrumentaliser l'arrestation de nos camarades à des fins partisanes ». Et de s'interroger : « Faut-il se battre à tout prix ou se coucher ? »