Après 5 jours des travaux des états généraux de la justice dominés par des exposés des panelistes venus de tout bord, les syndicats des magistrats relèvent dans leur évaluation plusieurs irrégularités dans l'organisation. Ils constatent avec amertume la « théâtralisation » du déroulement des débats.
Ils l'ont dit dans leur communiqué conjoint publié lundi 11 novembre à Kinshasa. Les syndicats JUSI, SYNAMAG, SYNCHREMAG et SYMCO redoutent que les objectifs poursuivis par ce forum ne soient pas atteints. Ces organisations syndicales notent une pléthore des participants constitués à majorité des membres des partis politiques notamment NOGEC (NDLR : parti de l'actuel ministre de la Justice) et des étudiants.
« Le Conseil supérieur de la magistrature et les autres acteurs de la société civile n'ont pas été associés dans l'organisation de présentes assises, la très faible prise en charge des participants, en particulier des magistrats venus des provinces, le fonctionnement occulte du secrétariat technique dont les membres ne sont pas connus des participants, la sélection orientée des intervenants, le temps des travaux en atelier réduit à un seul jour risque de rendre superficiels les débats », dénonce Henri Dianda, président du SYNCHREMAG.
D'après Edmond Isofa de SYNAMAG, pendant des exposés il y a des bruits dans la salle qui proviennent des militants des partis politiques et parfois des étudiants, soit pour applaudir certains panélistes favorables à leur opinion, soit pour conspuer les magistrats syndicalistes qui rappellent leurs revendications et dont le temps de parole semble réduit.
« L'impression que nous avons ici, c'est que ce ne sont pas les états généraux où nous devons échanger, mais ce sont des attaques dirigées contre les magistrats. Ce qui semble ne pas être normal. A cette allure, on ne va pas aboutir à quoi que ce soit. Ne nous donnons pas l'impression de quelque chose qui était déjà boutiqué et nous sommes venus pour simplement accompagner », précise-t-il.
Dans les couloirs du Centre financier où se tiennent ces assises, une dame membre d'une organisation des bailleurs de fonds de la RDC, qui a requis l'anonymat, s'étonne de la désorganisation.
« Ce n'est pas cela, les états généraux qu'on attendait », s'indigne-t-elle, quelque peu déçue.
Selon les syndicats des magistrats, il ressort des statistiques établis à la suite de l'évaluation faite par le ministère de la justice et les partenaires techniques et financiers que les résolutions des états généraux de 2015 n'ont été exécutées qu'à hauteur de 0,8%.
Cette situation, d'après ces syndicats, n'a fait qu'aggraver le dysfonctionnement décrié de la justice congolaise.