Au Sénégal, la tension est montée d'un cran hier, à cinq jours de la tenue d'élections legislatives ce dimanche. Après de nouveaux accrochages violents entre militants du parti au pouvoir Pastef et ceux de la coalition d'opposition Sam Sa Kaddu, le premier ministre Ousmane Sonko, qui avait enjoint dans un premier temps ses sympathisants à riposter à d'éventuelles attaques, n'appelle plus à la vengeance.
À 16h, ils sont plusieurs centaines déjà réunies sur le rond-point près de l'École normale, banderoles vert, jaune et rouge autour du cou, vuvuzela à la main, décrit notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff Ils étaient très remontés par les violences de la veille à Saint-Louis comme Mamie Touré, de la jeunesse Pastef : « C'est la troisième fois qu'on nous attaque. C'est trop. Maintenant, on est venus montrer notre force, notre mobilisation, montrer qu'on est plus nombreux et que l'on est plus investis qu'eux. »
Venu de Parcelles assainies à l'appel d'Ousmane Sonko, cet étudiant va même plus loin : « OEil pour oeil, dent pour dent, gatsa gatsa... On va pas attendre des protocoles que le ministre de la Justice va peut-être émettre. Non, nous sommes plus nombreux. »
Mais partout, les forces de l'ordre sont bien présentes et lorsque la tension monte à l'approche du quartier du maire de Dakar, les gaz lacrymogènes calment tout de suite les ardeurs.
Objectif, pas de grabuge comme l'explique Birham Fall, militant : « Nous allons répondre dans les urnes, nous allons les battre le 17 novembre. Nous allons leur montrer que le Sénégal appartient au Pastef, à Ousmane Sonko et au président Bassirou Diomaye Faye. »
Et quand Ousmane Sonko arrive enfin vers 19H devant des milliers de supporters. Il n'est plus question de vengeance : « Je vous demande de retourner à campagne électorale, tout ce que j'avais déclaré je vous demande de le désactiver. Ne provoquez personne, n'insultez et ne frappez personne. L'État fera le travail sur les personnes arrêtées, mais je vous demande de rester vigilant. » À voir si cet appel sera entendu pour les trois derniers jours avant la fin de la campagne.
Les sympathisants de Barthélémy Dias en colère contre les propos d'Ousmane Sonko
De son côté, le même jour, Barthélémy Dias a pris la parole devant des sympathisants. Ce devait être une conférence de presse au siège de la coalition Sammu Sa Kaddu mais sa tête de liste s'est retrouvée barricadée à son domicile. Barthélémy Dias, le maire de Dakar a donc fait venir les journalistes et les militants jusqu'à lui, raconte notre correspondant à Dakar, Gwendal Lavina.
Malgré la musique, la tension est palpable. Marie-Chantal habite le quartier : « Vraiment, c'est déplorable. Je ne m'y attendais pas. Il pouvait bien venir faire sa campagne, venir avec sa caravane sans pour autant semer toute cette zizanie. On a reçu des cailloux et du gaz lacrymogène à la maison. On ne pouvait plus respirer, c'est inadmissible. »
Un sentiment partagé par ce sympathisant de la coalition Sammu Sa Kaddu qui en veut à Ousmane Sonko et lui reproche d'attiser la haine et la violence : « Quand on est Premier ministre, il y a des choses que l'on ne doit pas dire. Ousmane Sonko doit donner des discours de vérité. »
Longuement applaudi, Barthélémy Dias a dénoncé le comportement d'Ousmane Sonko et la réaction du ministre de l'Intérieur. Mais il a surtout lancé un appel à ses électeurs : « Évitez surtout d'accepter de verser dans le jeu de la manipulation, de la violence et de la colère »
Pour les trois derniers jours de campagne, Barthélémy Dias sillonnera la ville de Dakar afin de convaincre les derniers indécis.