Le Cadre de concertation, une plateforme de l'opposition, dénonce la dégradation de la démocratie au Bénin à deux ans de la présidentielle. Décryptage.
Cette initiative s'appelle Cadre de concertation et elle est diversement appréciée. C'est du déjà-vu pour certains, tandis que d'autres y voient un projet porteur d'espoir pour la démocratie. Ce n'est pas la première fois qu'une initiative similaire est mise en place au Bénin, à l'approche de l'élection présidentielle qui aura lieu en 2026.
En 2021 déjà, une coalition autour du parti Les démocrates avait été déjà créée pour veiller aux conditions d'organisation du scrutin.
Le problème qui fragilise ce genre d'union demeure les rivalités internes, selon l'analyste politique Joèl Atayi Guèdègbé
"Il y a des guerres de leadership, elles se conçoivent, explique-t-il. La question est de savoir si le plus grand dénominateur commun de ces forces politiques, qui s'opposent au président Talon, ne relève que de ça, ou si, au-delà, ces forces qui se proclament de l'opposition sont en mesure de se transformer en alternative à la gouvernance qu'ils décrient. Il n'y a que les joutes électorales pour nous situer".
A deux ans de la présidentielle
A la différence des précédentes coalitions des forces de l'opposition, le Cadre de concertation intervient à un peu moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle.
Mais Gilles Goyi, membre du bureau politique de l'Union progressiste le renouveau, qui fait partie de la mouvance présidentielle, ne trouve aucun contenu dans ce projet de l'opposition.
Il demande "sur quels sujets veut-on se concerter quand on a vu ce qu'ils ont appelé les chantiers, les piliers fondamentaux de leurs préoccupations ? C'est du mauvais délayage, parce que tous les sujets qui ont été listés constituent simplement une litanie, parce que tous les sujets ont été évacués depuis. La relecture du code électoral, c'est un sujet qui a été évacué".
Le défi de rester uni
Cependant, Joèl Atayi Guèdègbé estime que l'initiative pourrait être porteuse d'espoir, à condition que cette coalition parvienne à maintenir sa cohésion.
Pour lui, "il peut y avoir convergence, un sursaut pour gommer tout ce qui est relativement négatif et donc maximiser les chances de réussir. Mais il peut y avoir également implosion et donc fragmentation à l'infini. Et tout le monde sait que, à défaut d'unité, on s'expose à être vaincu, à être battu à plate-couture dans les urnes. Le défi est fondamentalement en ce sens-là. C'est un défi unitaire".
Un défi dont semblent avoir conscience, pour l'instant, les acteurs du Cadre de concertation de l'opposition, au regard des objectifs fixés à leur projet : obtenir l'alternance lors des élections générales de 2026.