Des membres de la société civile, des universitaires et des artistes du continent africain et des diasporas africaines du monde entier vont se réunir à Berlin, en Allemagne, dans le cadre de la conférence Dekoloniale Berlin 2024, à l'occasion du 140e anniversaire de la Conférence de Berlin sur l'Afrique de 1884-1885.
La conférence Dekoloniale Berlin 2024 se tiendra du 14 au 16 novembre. Elle rassemblera des représentant·e·s de pays qui ont été, et sont toujours, touchés par l'héritage du colonialisme européen, afin de réfléchir à l'histoire de la Conférence de Berlin sur l'Afrique et à ses conséquences durables encore visibles aujourd'hui. Dans le cadre de cet événement, Amnesty International, Human Rights Watch et African Futures Lab vont organiser un atelier non ouvert au public rassemblant des professionnel·le·s, des représentant·e·s des populations et des militant·e·s pour échanger sur leurs combats, leurs expériences et les moyens de faire avancer les demandes de réparations.
Plusieurs délégué·e·s et spécialistes renommés participeront à cette conférence, parmi lesquels Farida Nabourema, militante togolaise des droits sociaux, Gary Younge, auteur et journaliste britannique primé à plusieurs reprise, Kiluanji Kia Henda, artiste congolais, et Alice Nkom, avocate camerounaise. Ces personnes échangeront leurs points de vue sur les conséquences durables et structurelles du colonialisme et sur la manière d'y remédier.
« Les États européens et les autres responsables n'ont globalement toujours pas rendu de comptes pour les injustices historiques du colonialisme, l'esclavage, le commerce des esclaves et leurs séquelles qui persistent encore aujourd'hui », a déclaré Rym Khadhraoui, chercheuse sur la justice raciale à Amnesty International.
« Les appels à réparations se heurtent à une certaine résistance et les gens sont obligés de naviguer dans des systèmes ancrés dans la colonialité et les déséquilibres de pouvoir. L'ordre mondial racisé inscrit dans le colonialisme était destiné à bénéficier au plus petit nombre et à donner plus de valeur à la vie de certaines personnes par rapport à d'autres. La conférence Dekoloniale Berlin est l'occasion de montrer le pouvoir de la mobilisation collective et de partager les revendications afin d'obtenir justice et réparation pour les injustices historiques. »
L'atelier conjoint permettra aux populations qui se battent pour obtenir justice d'en savoir plus sur les différents passés et processus de réparation en cours, de discuter des succès et des difficultés, et de définir de façon stratégique la manière dont le droit international et le plaidoyer peuvent être utilisés pour obtenir une justice réparatrice. Pendant l'atelier, les participant·e·s discuteront de plusieurs cas concrets tels que les négociations entre la Namibie et l'Allemagne à propos des crimes coloniaux de cette dernière, les réparations pour l'enlèvement forcé d'enfants par la Belgique dans ses colonies de la région des Grands Lacs, l'état d'avancement des discussions entre l'Algérie et la France à propos de son passé colonial, et les négociations entre le Royaume-Uni et Maurice au sujet de l'archipel des Chagos.
Les journalistes ne sont pas autorisés à assister à cet atelier, mais des porte-parole d'Amnesty International, de Human Rights Watch et d'African Futures Lab, ainsi que des participant·e·s à la conférence, sont disponibles pour des entretiens.
Complément d'information
La Conférence de Berlin sur l'Afrique de 1884-1885 est une réunion au cours de laquelle les puissances européennes ont conforté le partage du continent africain à des fins de domination coloniale et d'exploitation. Organisée en l'absence de toute représentation africaine, cette conférence a nié les réalités géographiques existantes de l'Afrique, contribué à officialiser la colonisation et eu des répercussions profondes et durables.
Dekoloniale Berlin est un projet culturel qui mène un travail essentiel de réflexion sur le passé et le présent coloniaux de Berlin et des anciennes colonies de l'Allemagne. Elle comprend un travail de cartographie en ligne, des conseils de musées à visiter, un festival et des groupes de réflexion.