Togo: Cogestion - Les perspectives d'une telle proposition semblent lointaines

12 Novembre 2024

La proposition récente de cogestion politique avancée par le Comité d'action pour le renouveau (CAR), un parti de l'opposition, suscite de vives critiques, y compris au sein de ses propres rangs.

Jean Kissi, ancien secrétaire général de cette formation politique, a exprimé son désaccord face à cette initiative qu'il considère comme une déviation par rapport à la vision initiale du fondateur du parti, Me Yawovi Agboyibo.

Dans une intervention sur une radio privée de Lomé, Jean Kissi a dénoncé la nouvelle formule de cogestion, qu'il perçoit comme une tentative de dissimuler des pratiques contestables. Selon lui, les nouveaux critères proposés - comme l'exigence d'un nombre minimum de députés pour intégrer le gouvernement - ne font que masquer les accusations selon lesquelles les opposants qui rejoignent le gouvernement seraient motivés par des intérêts personnels.

« On propose maintenant des critères pour légitimer une entrée au gouvernement sans qu'on dise qu'ils sont allés à la mangeoire. Ça n'a jamais été la philosophie de Me Agboyibo », a-t-il déclaré avec fermeté, tout en qualifiant cette démarche de « couverture pour tromper le peuple ».

Jean Kissi a rappelé les principes fondamentaux posés par Me Yawovi Agboyibo lors de sa proposition initiale de cogestion en 2008. À l'époque, l'acceptation d'une véritable alternance politique et la mise en place de garanties pour sa réalisation étaient des conditions sine qua non. « Le pouvoir qui accepte la cogestion doit accepter l'alternance », a-t-il souligné, insistant sur l'importance de prévenir toute récupération politique par le parti au pouvoir.

Il a également fait remarquer que l'absence de volonté réelle de changement de la part des dirigeants actuels rend cette proposition de cogestion irréalisable. « On ne voit pas cette volonté, surtout après la manière dont la réforme constitutionnelle s'est opérée courant le premier trimestre de cette année », a-t-il ajouté.

Pour de nombreux observateurs, le contexte politique actuel n'est pas propice à la cogestion. Le pouvoir en place se montre de plus en plus consolidé face à une opposition fragmentée et affaiblie. Dans de telles conditions, rien n'oblige le régime à envisager une quelconque forme de partage du pouvoir, quelle que soit la formule proposée par les opposants.

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