Un des premiers étrangers à transcrire la langue malgache est, sans nul doute, Barthélémy Huet de Froberville qui, bien que n'ayant jamais mis les pieds à Madagascar, peut constituer à partir de divers écrits un dictionnaire malgache-français assez développé mais manuscrit et malheureusement inachevé.
Parlant plus précisément de « fiandria » qu'il traduit par gouvernement, principauté, il mentionne que la forme du gouvernement n'est pas la même dans toutes les provinces malgaches. Le pouvoir est en général héréditaire, mais comme partout ailleurs, l'ambition ne connaît point de lois.
« Deux provinces gémissent sous le plus horrible despotisme, l'Ancove et le Séclave. Les chefs de ces provinces ont le droit de vie et de mort sur leurs sujets. Dans les autres, le criminel est condamné par les lois en usage dans la province où le délit a été commis. »
Chaque village est gouverné par un chef. Pourtant, hormis les pays merina et sakalava, aucune contrée ne reconnaît le pouvoir d'un seul personnage. Huet de Froberville cite, en exemple, les grands chefs de la côte Est, chez les Betsimisaraka, les Betanimena, etc. Cependant, souligne-t-il, ils ne le sont que par les circonstances et lorsque l'intérêt général le commande.
« Le chef est plus ou moins puissant, selon qu'il a plus ou moins de capacité, de bravoure et de richesses. Il y a quelquefois jusqu'à trois chefs dans le même village. » Et comme les anciens rois bergers, les chefs cultivent leurs terres avec leurs esclaves et ils n'ont pas le droit de lever des impôts sur leurs sujets, les frais de guerre étant partagés.
D'après Fressanges qui écrit sur les « Moeurs du Nord», c'est par le commandement général que se distingue le chef le plus puissant. Selon Flacourt, la nation malgache n'a aucune loi écrite. Tout ce qui se fait et pratique, l'est par une loi naturelle dont il nomme trois sortes, à savoir : « Massindili » ou la loi du prince, « Massinpoh » ou la loi d'un particulier, « Massintane » ou la loi ou coutume du pays.
La loi du prince, explique Huet de Froberville, est sa volonté, fondée toutefois sur la raison qui est de rendre la justice à tout un chacun, en jugeant lui-même les litiges, ou par un de ses proches, avant d'infliger les peines et les amendes. Et ce, toujours conformément à la coutume du pays considérée comme la loi la plus sûre dans tout évènement qui arrive.
« Ainsi, si le prince commandait quelque chose à ses sujets qui fut contraire à la coutume, ils sauraient bien lui remontrer incontinent que ce n'est point la coutume transmise par les ancêtres et à cela le prince n'a point de réplique... »
Pour Flacourt, les princes, seigneurs ou grands du pays ont des hommes ou des officiers pour les soulager dans les commandements qu'ils ont à donner à leurs sujets, soit pour retirer leurs tributs soit pour commander aux maîtres des villages de faire faire les corvées pour planter leurs terres, bâtir leurs maisons, avertir chacun de se tenir en offensive ou défensive, pour se trouver aux assemblées, fêtes et cérémonies et au conseil du prince quand il veut délibérer sur quelque chose d'important.
L'Auteur Anonyme, lui, signale que la forme de gouvernement établie chez les « naturels » de Madagascar, est peu étendue et « a beaucoup de rapports dans toutes les parties de l'isle ». Il fait cependant remarquer que les Zafiraminia, les Merina et les Sakalava, « indépendamment des lois générales du pays, en ont de particulières, notamment les Hoves ». Il ajoute qu'en général, tous les peuples de la Grande Île subissent une sorte de gouvernement féodal. « Ceux du Sud en supportent tous les mauvais effets. »
Tous les chefs de provinces ont le droit de se faire la guerre, ce qui les arme sans cesse. « On est en guerre pour le motif le plus léger, ce qui empêche les naturels de se livrer à la culture des terres et à des arts lucratifs, assurés qu'ils sont de perdre, par une guerre, les fruits de leur industrie et de leurs travaux dans les biens de la terre qui sont toujours détruits ».
D'ailleurs, les terres appartiennent aux chefs qui ne les vendent pas. Si un homme veut devenir agriculteur, il soumet sa proposition au chef dont il relève. Celui-ci lui désigne l'emplacement où il peut défricher et s'établir. Car, conclut Flacourt, « les grands et les seigneurs des provinces sont aussi jaloux de leur honneur qu'autre part. Ils ne permettent jamais qu'on s'approprie le moindre coin de terre sans le leur demander de bonne grâce ».