Dans un climat de tension et de ferveur politique, la journée de comptage des voix a été marquée par des scènes intenses au Quartier-Militaire SSS hier, épicentre de la bataille électorale pour le nº8 (Quartier-Militaire-Moka). Cette circonscription était le théâtre d'une confrontation politique opposant l'Alliance Lepep, dirigée par le Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, et ses alliés Deepak Balgobin et Lovin Lutchmanen, à l'Alliance du changement, représentée par Dhaneshwar Damry, GovindenVenkatasami et Babita Thannoo.
Le drapeau de l'Alliance Lepep tourné en ridicule.
La tension est montée d'un cran lorsque Pravind Jugnauth s'est brièvement exprimé à 12 h 55, bien avant l'affichage des premiers résultats. Dans un discours empreint de résignation, il a déclaré : «Il est clair que nous allons vers une défaite de la circonscription nº8. Et il est aussi très clair que nous allons vers une défaite sur le plan national. Monn touzour fer tou pou sa pei-la. Mo swet bonn sans nouvo lekip.»
Le candidat Aman Ramchurn en a profité pour accuser le Premier ministre sortant de persécuter les activistes.
Cette annonce a fait l'effet d'une bombe, provoquant des réactions immédiates parmi les partisans présents sur le terrain. Accompagné par une escorte policière renforcée, incluant la Special Support Unit et de nombreux agents, Pravind Jugnauth a quitté les lieux sous les huées des partisans de l'Alliance du changement, qui scandaient «Bour li deor!»
Raquel Jolicoeur : «Vive la liberté !»
La scène a également vu l'intervention passionnée de l'activiste Aman Ramchurn, qui a profité de l'occasion pour accuser le Premier ministre sortant de persécuter les activistes. À ses côtés, le chanteur Raquel Jolicoeur, membre du groupe 666 Armada, s'est exclamé : «Vive la liberté ! Enn dinasti inn fini.» Une déclaration qui a suscité des applaudissements de la part des partisans de l'Alliance du changement.
Une forte escorte policière était visible.
À 18 heures, le deuxième pointage est tombé , confirmant la domination de l'Alliance du changement. En tête, Dhaneshwar Damry s'est distingué avec 13 281 voix, suivi de Babita Thannoo avec 11 798 voix et de Govinden Venkatasami avec 11 007 voix. Le Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, est arrivé en quatrième position avec 8 870 voix, suivi de ses colistiers Deepak Balgobin (7 431 voix) et Lovin Lutchmanen (7 066 voix).
Le leader du MSM a une petite mine.
L'ambiance autour de l'école était survoltée, dominée par les partisans de l'Alliance du changement, qui chantaient et brandissaient des slogans «Bour li deor». Une effigie en bois de Pravind Jugnauth a même été brandie, symbolisant pour beaucoup la fin d'une ère politique.
Déçu, Pravind Jugnauth quitte le Quartier-Militaire SSS.
Le cortège du Premier ministre sortant.
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Simla Kistnen : «Kistnen ti dir zot pou grene kouma zanbalak»
Simla Kistnen, la veuve de Soopramanien Kistnen, s'est aussi rendue au Quartier-Militaire SSS. Émue, elle se dit touchée par la décision de l'électorat n°8. «Se travay Bondie. Kistnen ti dir zot pou grene kouma zanbalak. Lalwa divin finn azir.»
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Les 6 premiers
Dhaneshwar Damry (L'Alliance du changement) 25 821
Babita Thannoo (L'Alliance du changement) 22 900
Govinden Venkatasami (L'Alliance du changement) 21 308
Pravind Jugnauth (L'Alliance Lepep) 17 582
Deepak Balgobin (L'Alliance Lepep) 14 595
Lovin Lutchmanen (L'Alliance Lepep) 13 918
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Signes d'une défaite
Depuis le jour du scrutin, les signes avant-coureurs d'une défaite du Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, semblaient se multiplier. Quinze minutes avant la fermeture du centre de vote de l'école Saint-Pierre RCA le jour de vote soit le 10 novembre, il affichait déjà une expression préoccupée. Les traits crispés et visiblement tendus, il évitait les échanges directs alors que les caméras des médias, braquées sur lui, cherchaient à capter le moindre signe de confiance ou d'assurance.
À 18 heures, au moment où la cloche annonçait la fin des votes, Pravind Jugnauth, déconcerté, avait préféré quitter discrètement le lieu en faisant une ronde, le visage marqué par l'inquiétude. Le jour du dépouillement, cette atmosphère de tension était palpable. Arrivé au centre de comptage, Pravind Jugnauth s'est isolé avec ses colistiers, Deepak Balgobin et Lovin Lutchmanen. Le Premier ministre sortant semblait absorbé dans ses pensées, affichant une mine encore plus fermée. Très crispé, il ne parlait à personne, presque comme s'il anticipait l'ampleur du revers qui se préparait.
Finalement, à 12 h 55, il a brisé le silence et a reconnu la défaite de son équipe. Dans plusieurs autres circonscriptions, ses candidats subissaient aussi des échecs, confirmant une tendance de changement que l'électorat semblait appeler de ses voeux.
Pour Pravind Jugnauth, cette élection représente une chute brutale, d'autant plus surprenante que, lors des élections de 2019, il avait remporté une large victoire avec une avance confortable de plusieurs milliers de voix.