Depuis de nombreuses années, Ashok Subron s'engage activement pour la cause des travailleurs. Apprécié par certains et critiqué par d'autres, il fait aujourd'hui son entrée à l'Assemblée nationale par la grande porte. Le corps syndical mise sur lui pour que la voix des travailleurs soit enfin entendue.
Pour Ashvin Gudday, négociateur syndical de la Private Sector Employees Union affiliée à la General Workers Federation, l'accès au Parlement ne modifiera pas la personnalité d'Ashok Subron. «Je le connais non seulement comme collègue, mais aussi en tant que militant. Même s'il se retrouve aujourd'hui du côté du gouvernement, cela ne changera en rien ses valeurs et ses principes. Il a toujours été proche des travailleurs, et cela ne changera pas.»
Devenir membre de l'Alliance du changement, c'est avant tout avoir vu ses idées et revendications approuvées par les autres leaders, qui ont choisi de les intégrer à leur programme pour défendre un avenir meilleur pour les travailleurs. «Dès le début, nous avons accepté d'intégrer l'alliance parce qu'elle a respecté nos demandes en matière de programme», explique Ashvin Gudday.
L'un des principaux points d'accord est justement l'introduction de la semaine de quarante heures. «Cela permettra d'éliminer toutes les discriminations entre le secteur privé et le secteur public, notamment en cas de pluies torrentielles. Cela renforcera également les droits des femmes, avec des mesures comme un congé menstruel ou un congé parental, que le Parti travailliste avait déjà annoncé, mais qui sont avant tout nos propres revendications. Sans oublier la question de la relativité salariale, qui n'a pas pu être réglée sous l'ancien gouvernement à cause d'une confusion autour de la loi qui n'a pas été votée au Parlement. Cela permettra aux travailleurs de retrouver leur place dans l'économie et de voir leur dignité revalorisée.»
Le paiement d'un 14e mois fait également partie des acquis attendus. En somme, la présence d'Ashok Subron au Parlement représentera une voix forte pour les travailleurs. «Il incarne leur lutte. Cela change beaucoup de choses.» En revenant sur la semaine de 40 heures, Ashvin Gudday affirme que cette mesure offrira aux parents plus de temps à consacrer à leurs enfants et à se reposer. «Elle permettra d'harmoniser la vie de famille en réduisant le stress des parents dans une société en perpétuel mouvement.»
Cependant, tous ne partagent pas le même avis. Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress et de l'African Workers Federation, estime qu'Ashok Subron a d'abord été politicien avant de devenir syndicaliste. «Il était membre du parti Lalit avant de fonder Rezistans ek Alternativ. Il porte donc deux casquettes : celle de politicien et celle de syndicaliste. Pour être franc, je pense qu'il a utilisé le milieu syndical pour faire de la politique. Quant à savoir s'il apportera un plus à la classe syndicale, je n'y crois pas. Pour moi, on ne peut pas mélanger les deux.» Selon lui, le véritable gagnant de ces élections reste le mouvement Rezistans ek Alternativ. «Même dans leurs rêves les plus fous, ils n'auraient jamais imaginé faire partie du gouvernement.» Toutefois, Haniff Peerun espère qu'Ashok Subron oeuvrera pour que la classe ouvrière en ressorte gagnante. «Je ne doute pas de la sincérité d'Ashok pour défendre les travailleurs. Nous, le corps syndical, continuerons à faire entendre notre voix, et nous espérons pouvoir compter sur lui.»
Les avis sont cependant partagés quant à la présence d'Ashok Subron au Parlement. Narendranath Gopee, négociateur de la Federation of Civil Service and Other Unions (et président de la National Trade Union Confederation, va même jusqu'à souhaiter qu'on lui confie le poste de ministre du Travail. «C'est un défenseur de la classe ouvrière, et, avec les moyens limités dont il disposait, il a réussi à accomplir certaines choses. Avoir un syndicaliste de sa trempe au sein du gouvernement est une bonne chose.»
Notre interlocuteur va encore plus loin : «Quand vous êtes simple backbencher ou que vous ne faites pas partie de l'exécutif, même avec de nombreuses bonnes idées, celles-ci risquent de ne pas se concrétiser. En étant ministre, après avoir consulté tous les acteurs concernés, vous pouvez au moins agir dans l'intérêt des travailleurs.» Il souligne toutefois que d'autres syndicalistes ont déjà fait partie d'un gouvernement, sans pour autant défendre la cause des travailleurs. «Je me souviens de l'époque où un projet de loi avait été proposé pour permettre aux policiers de se syndiquer. Ce syndicaliste n'a pas bougé le petit doigt lorsque l'on a précisé que les policiers ne pourraient s'affilier à une autre fédération que celle existante de la police.»
Mais Narendranath Gopee affirme qu'Ashok Subron est différent. «On l'a vu débattre lors des réunions tripartites ; il n'est pas du genre à rester tranquille ni à se laisser faire.»