Si, en public, Kobita Jugnauth, épouse du Premier ministre sortant, projetait l'image d'une femme de caractère épaulant son mari tout en sachant rester à sa place, la voix qui lui est attribuée dans plusieurs bandes sonores téléphoniques révélées par «Missie Moustass» dénote une autorité et des interférences régulières et illégitimes dans les affaires du pays. Un comportement totalement en contraste avec celui de Veena Ramgoolam, l'épouse de nouveau Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, qui a toujours soutenu son époux, mais de façon réservée.
Veena Ramgoolam s'est fait notamment remarquer sur l'estrade du meeting de l'Alliance du changement, le dimanche 3 novembre, à Port-Louis. Cependant, hormis son T-shirt aux couleurs de l'alliance, l'épouse de Navin Ramgoolam est restée silencieuse comme cela a presque toujours été le cas. Elle a également timidement salué la foule en faisant un signe de la main lorsque, ce jour-là, Arvin Boolell a tenu à saluer sa présence. La campagne électorale 2024 marque ainsi son grand retour dans des apparitions publiques, après dix années de discrétion...
Le même jour, lors du meeting de l'Alliance Lepep à Phoenix, Pravind Jugnauth a révélé des détails sur un compte bancaire que Navin Ramgoolam détiendrait au sein de la Development Bank of Singapore, ajoutant que le couple Ramgoolam aurait 17 comptes dans différentes banques en Angleterre, ce que Navin Ramgoolam a démenti. Celui-ci avait mentionné «mo madam» lors d'une conférence de presse, le 26 octobre, au Hennessy Park Hotel. Aux côtés des autres dirigeants de l'Alliance du changement, Navin Ramgoolam avait abordé le sujet des écoutes téléphoniques lorsqu'il était en fonction. Il avait raconté qu'à son arrivée au pouvoir en tant que PM, la police lui avait remis des documents datant de la période où il était leader de l'opposition. Parmi ces preuves, il avait mentionné : «Mo ti al kit mo madam airport parski li ti pe travay Langleter. Ena dimounn pa kone. Li ti vinn la an konze, linn reale pou repran so travay», sans toutefois préciser dans quel secteur Veena Ramgoolam travaillait.
Contrairement à la campagne électorale d'il y a cinq ans, Veena Ramgoolam ne s'est pas beaucoup montrée sur les réseaux sociaux au cours de la campagne fraîchement écoulée, même si depuis les Moustass Leaks, de très nombreux internautes ont publié sa photo, plébiscitant sa retenue et sa grâce. Un message venant d'elle a également été relayé sur la page Facebook, Ramgoolam Gen-Next, à la veille du scrutin : «As one people, as one nation, in peace justice and liberty (...) For our country with love and blessings, Veena.»
En 2019, elle avait créé un buzz en publiant ce post : «I have chosen to speak today, after these last five years of life tests that have strengthened and reinforced the sincerity and mutual understanding of our couple.» Elle avait réaffirmé son soutien à son mari en déclarant : «As a true patriot, I trust his capacities and will to improve the life of each Mauritian (...) The highest form of love is patriotism and selflessness.»
On se souviendra également des révélations concernant Nandanee Soornack, l'amie intime de l'ex-PM et femme d'affaires, que les détracteurs ont une fois de plus tenté d'utiliser pour influencer l'opinion publique. Une stratégie qui n'a pas marché, visiblement, au vu du cinglant 60-0...
Si Veena Ramgoolam ne s'exprime pas publiquement, d'autres parlent d'elle. C'était le cas lors de la séance parlementaire du mardi 26 juillet 2022. Pravind Jugnauth, avait fait référence à une conversation qu'il avait eue avec Veena Ramgoolam alors que Navin Ramgoolam souffrait du Covid-19. C'est pendant qu'il répondait à une question du député d'alors, Kenny Dhunoo, concernant l'enquête policière sur des commissions que Pravind Jugnauth avait allégué qu'il n'avait jamais appelé Navin Ramgoolam et que c'est son épouse, Veena, qui avait demandé l'aide du gouvernement.
Rappelons que Navin Ramgoolam, souffrant du Covid-19 en septembre 2021, avait fait le déplacement en Inde pour des soins. Les formalités avaient été accomplies avec l'aide du bureau du Premier ministre. La réponse de Pravind Jugnauth avait enflammé l'hémicycle, les «shame» et «cheap» avaient fusé dans les travées de l'opposition. Un point de droit a même été soulevé pour souligner qu'il était contraire aux Standing Orders de citer le nom d'une tierce personne lors des débats parlementaires.
Au milieu de la pagaille, celui qui avait fait valoir le point de droit - le député travailliste Shakeel Mohamed - avait été expulsé par le speaker d'alors Sooroojdev Phokeer, tout comme Mahend Gungapersad et Patrick Assirvaden, deux autres députés du PTr.
Après avoir connu les fastes du pouvoir, Veena Ramgoolam a connu les désagréments de l'interrogatoire policier. Le 9 février 2015, elle a été interrogée pendant six heures par des enquêteurs du CCID dans le cadre de la saisie des coffres-forts de son mari. Navin Ramgoolam avait indiqué, dans un premier temps, que c'était elle qui détenait les codes pour ouvrir les coffres où environ Rs 220 millions ont été saisies. On sait seulement qu'elle était arrivée aux Casernes centrales vers 13 h 15 et qu'elle en était sortie à 19 heures ; encore un signe de sa nature discrète.
L'édition de «l'express» du lundi 9 juillet 1979 mentionne le mariage du Dr Navin Ramgoolam avec Mlle Veena Brizmohun, célébré la veille. Plus de 2 000 invités avaient assisté à la cérémonie, qui s'était tenue au cinéma BDC, à Quatre-Bornes.
Comparée à des premières dames
C'est un changement de décor drastique après les honneurs reçus, notamment lors d'une visite d'État en Inde, en février 2012. Le quotidien britannique Daily Mail évoquait à l'époque, l'élégance de l'épouse du PM mauricien et avait été jusqu'à la comparer à Carla Bruni, mannequin et chanteuse et épouse de l'ancien président français, Nicolas Sarkozy ou encore à Michelle Obama, épouse du président américain. Le journaliste du Daily Mail écrivait que Veena Ramgoolam «looked every bit glamorous», dissimulée derrière ses lunettes de soleil, l'un de ses accessoires fétiches.
Cela fait 45 ans que Veena, née Brizmohun, a épousé Navin Ramgoolam. Leurs noces ont été célébrées, le dimanche 8 juillet 1979. Ce jour-là, Veena, la fille de Mahadeo Brizmohun, un commercial artist établi depuis une quinzaine d'années en Angleterre, épouse Navin Ramgoolam, le fils du PM alors en poste, sir Seewoosagur Ramgoolam. Plus de 2 000 invités ont assisté au mariage, qui a eu lieu au cinéma BDC à Quatre-Bornes. Au moment de leur union, Veena Brizmohun était en troisième année d'études en sciences sociales à Londres. Navin Ramgoolam, après ses études de médecine à Dublin, en Irlande, s'est spécialisé en cardiologie dans la capitale anglaise. C'est là qu'il a d'ailleurs rencontré celle qui allait devenir son épouse.
Le peu que l'on sache de sa vie personnelle est qu'elle soigne son intérieur, confectionne des gâteaux et entretient sa ligne par de la marche qu'elle pratique régulièrement.
Extrait de l'édition de «l'express» du mardi 15 octobre 2019, évoquant un post sur Facebook de Veena Ramgoolam adressé à son époux.