Le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, dans un document daté d'août 2024 et rendu publique récemment, estime que la détention de Joël Aïvo est arbitraire. Il a été notifié aux autorités béninoises, selon son entourage. L'opposant, constitutionnaliste de profession, a été arrêté quelques jours après la réélection de Patrice Talon à la présidentielle d'avril 2021.
La privation de liberté de Joël Aïvo est arbitraire, selon les experts onusiens. Ils estiment que la détention du constitutionnaliste et opposant béninois est dépourvue de base légale, qu'il est ciblé pour ses opinions politiques et que son droit à un procès équitable a été violé. En décembre 2021, Joel Aïvo avait été condamné par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) à 10 ans de prison pour complot contre la sureté de l'État.
Le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire demande donc au gouvernement béninois de le libérer immédiatement et souligne qu'il a le droit d'obtenir réparation, notamment sous la forme d'une indemnisation.
Pour son avocat, Ludovic Hennebel, cela constitue un cas d'école de détention arbitraire. Ce dernier espère que le rapport du groupe de travail fasse bouger les lignes du côté de la justice béninoise.
Comme c'est une haute autorité qui adopte une décision en la matière de manière indépendante, cela engage la responsabilité du Bénin.
Pas de réponse des autorités à l'ONU
Les autorités du Bénin ont été contactées par courrier pour répondre aux allégations de la source des experts, précise le document. Source qui évoque notamment des conditions de détention inhumaines, dans les semaines qui ont suivi l'arrestation de Joël Aïvo, et des visites familiales limitées à quelques minutes, à la vue de tous. Le gouvernement béninois n'a pas répondu dans les délais impartis.
Il y a deux ans, le groupe onusien avait déjà jugé arbitraire la détention de l'opposante Reckya Madougou, arrêtée en mars 2021, quelques semaines avant la présidentielle et condamnée par la Criet) à 20 ans de prison pour complicité d'actes terroristes.