Le 17 août 2005, Alaixys Romao disputait son premier match avec l'équipe nationale du Togo. Plus de 19 ans après, le milieu de terrain est toujours là. Ce mercredi 13 novembre, il évoluait en défense contre Liberia, un match perdu (0-1) et une élimination pour la CAN 2025. Avant cette rencontre, Romao avait bien voulu revenir sur son histoire d'amour avec les Éperviers.
Vous êtes en équipe nationale du Togo depuis près de 20 ans. Vous vous rappelez la première fois que vous avez joué pour les Éperviers ?
Oui, bien sûr, je me rappelle comme si c'était hier. C'était un match amical contre le Maroc (Ndlr : 17 aout 2005). C'était à Rouen, c'était ma première sélection. Et c'est là où je fais ma première passe décisive aussi. Donc, c'était une bonne entame. J'avais 21 ans et ce ne sont que de bons souvenirs.
Qu'est-ce qui vous aviez motivé à cette époque pour jouer pour le Togo et pas pour la France ?
Mon père est Togolais d'origine et on avait discuté et il m'a plus ou moins poussé. Je me suis dit pourquoi pas. Derrière, ce fut mieux que je ne l'espérais, il y a eu la CAN 2006 et surtout la Coupe du monde. Cela a été donc une motivation pour porter ce maillot et je ne le regrette pas.
Dix-neuf ans quand même Comment avez-vous construit cette histoire avec l'Otogu ?
Elle s'est construite petit à petit. Quand tu débarques en équipe nationale, i y a des anciens, des joueurs confirmés, il faut donc prouver que tu mérites d'être là. En plus, j'étais un des premiers binationaux, juste après Thomas Dossevi. Donc, ce n'était pas évident de se faire sa place, il fallait montrer qu'on avait des qualités pour porter le maillot national. Et depuis, ça s'est bien passé parce que j'aime jouer pour mon pays et c'est plaisir de porter ce maillot des Éperviers. Défendre les couleurs du Togo, c'est un réel plaisir. On est un petit pays, mais vraiment fan de foot et ce qu'on ressent quand on joue à domicile, c'est incroyable.
Il y a eu des moments où vous aviez eu envie de tout lâcher à cause des résultats, de l'instabilité sur le banc, les problèmes d'organisation...
Oui, ça m'est arrivé. Déjà après la tragédie de Cabinda, pour soutenir un de mes coéquipiers blessé, mais je suis revenu très vite, moins d'un an après. Ensuite, en 2017, j'ai arrêté parce que je ne le cache pas, 'étais blasé. Et je suis revenu il y a trois ans quand Paulo Duarte a pris les rênes de l'équipe. C'est vrai qu'il y a eu des moments difficiles, mais, parfois, on ne peut pas dire non à la sélection.
Vous avez parlé de la tragédie de Cabinda
Oui, forcément ! (Long silence) c'était terrible. Avec le recul, sans pointer du doigt sur qui que ce soit, je pense que si notre fédération avait bien fait les choses, on aurait pu éviter ce genre d'accident, cette tragédie. Maintenant, comment on se remet d'un tel traumatisme ? C'est sûr que ce n'est pas évident, parce que quand on a des pertes humaines, des gens avec qui on a été proche, des blessés aussi, ce n'est pas évident. Il faut du temps. (Il répète) Du temps, de la patience, tout simplement pour pouvoir... (Il ne termine pas sa phrase). Mais bon, ne pas oublier, non plus. Il faut faire avec parce que ça fait partie de notre passé, on est obligé de vivre avec.
Le plus beau souvenir, c'est sans doute la belle aventure la Coupe du Monde en 2006.
Effectivement ! Déjà en éliminatoires, la façon dont cela s'est passé, c'était incroyable. Finir devant le Sénégal de l'époque, c'était fou. Ensuite participer à la Coupe du monde, nous, le Togo, petit pays, c'est fou. Je n'en garde que de bons souvenirs. Croiser des grandes nations comme la France, jouer contre la Suisse, la Corée du Sud, c'était le rêve. En plus, c'était en Allemagne donc ma famille pouvait venir me voir. Le Mondial 2006, ce n'est que de bons souvenirs, des matches d'un autre niveau. Quand on est jeune, on rêve de ça, nous, on a eu la chance de joueur une Coupe du monde.
Vous avez quarante ans aujourd'hui, ça sent de plus en plus la fin...
Oui, c'est sûr. Jamais je n'aurais imaginé jouer jusqu'à cet âge en équipe nationale. Je profite maintenant. Il y a cinq déjà, des amis me disaient : "tant que tu peux continuer, il faut profiter. Tant que tu as la passion, tant que tu as la forme, vas-y, profite". Là, ce n'est que du plaisir, mais aussi transmettre avec les jeunes, c'est ça qui est bien, qui est enrichissant. Ce qui est sûr, c'est qu'après la retraite, je ne serais pas loin des Éperviers, c'est une grande histoire entre la sélection et moi.