La participation de Madagascar à la COP 29 est marquée par l'officialisation de la création de la coalition des pays «net zéro». La Grande île est l'un des quatre membres-fondateurs de cette entité, baptisée officiellement G-Zéro.
Un défi de taille. C'est ce qui attend les pays membres de la coalition baptisée G-Zéro. Une nouvelle entité dont Madagascar est l'un des membres-fondateurs.
La coalition G-Zéro rassemble les pays ayant le statut de «carbone négatif», ou de «neutralité carbone». Dans le jargon de la diplomatie climatique, ils sont désignés par le terme pays «net zéro». C'est-à-dire, les pays qui séquestrent davantage de carbone qu'ils n'en émettent. À l'instar de Madagascar, ils sont considérés comme étant les poumons de la planète, car «ils contribuent activement à la réduction du dioxyde de carbone dans l'atmosphère», explique une communication du ministère de l'Environnement.
La création de la coalition G-Zéro a été officialisée, lundi, lors de la 2e journée, de la 29e Conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (COP 29). Un événement qui se déroule à Baku, en Azerbaïdjan. Il s'agit de la concrétisation des discussions engagées en marge du sommet de l'avenir au siège des Nations unies, à New York, en septembre.
Aussi, avec Madagascar, le Suriname, le Bhoutan et le Panama composent cette coalition des pays «net zéro». L'objectif du G-Zéro est d'unir les voix et les moyens diplomatiques de ses membres afin de peser dans les négociations sur le climat. De faire bloc pour convaincre les pays industrialisés de respecter leur engagement d'appuyer et d'indemniser les pays carbone négatif qui subissent les effets du changement climatique par le biais de différents mécanismes de financement.
«Des pays comme Madagascar qui ont si peu contribué au changement climatique sont ceux qui en subissent le plus les conséquences. Et pourtant, ce sont aussi des pays solutions. C'est-à-dire qu'on séquestre encore le carbone des pays émetteurs, on fait encore beaucoup de projets, beaucoup d'actions. Donc il y a une vraie injustice climatique là-dedans», soutient Max Andonirina Fontanie, ministre de l'Environnement et du Développement durable, qui conduit la délégation maglache à Baku.
Tournure politique
La partie est toutefois loin d'être gagnée. Les financements pour lutter contre le changement climatique et les différents mécanismes d'indemnisation ont été actés depuis 2009. Ils ont été affirmés durant la COP 21, à Paris, en 2015, avec un nouvel objectif de financement du climat s'élevant à 100 milliards de dollars par an, d'ici 2025. Jusqu'ici, pourtant, ces objectifs claironnés, discutés, réclamés et renégociés à chaque COP sont loin d'être atteints.
Les pays industrialisés rechignent à concrétiser leur engagement. Depuis l'ouverture de la COP 29 de Baku, les discussions de haut niveau sont focalisées sur le financement du climat, notamment, les appuis et indemnisations des pays les moins pollueurs et les pays «net zéro», qui subissent pourtant les effets dévastateurs du changement climatique. Les États en développement réclament une réévaluation à la hausse de la somme fixée à la COP 21.
Un montant allant jusqu'à 1.300 milliards de dollars pour le fonds climat est requis par les pays en développement. En face, les États industrialisés font de la résistance. L'absence des chefs d'État des puissances mondiales, qui sont les plus pollueurs, à la COP 29, motive pourtant de fortes doutes sur un dénouement allant dans le sens des intérêts des pays en développement. Le président américain, celui de la Chine, celui de la France, ou encore, le chancelier allemand et le président russe sont absents.
Visiblement, contrairement aux discours affirmés, le climat est loin d'être une priorité pour les pays riches. Les Occidentaux ont pourtant mobilisé, en quelques mois, largement plus que les 100 milliards de dollars définis en 2015, à Paris, pour aider aux efforts de guerre en Ukraine. Par ailleurs, la tournure du vent politique en occident, notamment, aux États-Unis, dernièrement, risque de crisper encore plus la dynamique climatique. Les courants climatosceptiques gagnent du terrain.
Durant une conférence de presse, lundi, à Baku, Simon Stiell, chef de l'ONU Climat, s'est pourtant voulu rassurant. «Nombre d'entre vous ont écrit sur les implications pour le climat des événements politiques ces dernières semaines. Je dirai juste que notre processus est solide. Il est robuste et perdurera», a-t-il affirmé. Toutefois, résolument climatosceptique et isolationniste, Donald Trump, réélu président américain, a retiré son pays de l'accord de Paris, durant son premier mandat.
L'éventualité que le futur président Trump retire à nouveau les États-Unis de ses engagements climatiques n'est pas à écarter. Surtout qu'un de ses projets est de redynamiser les exploitations pétrolières et de gaz américaines. Ce pays est pourtant déjà en pole position des États les plus pollueurs. En somme, pousser les pays développés à tenir leur engagement, à traduire en acte les discours, n'est pas une mince affaire. La coalition G-Zéro sait à quoi s'attendre.