À Madagascar, où les crises de l'eau et de l'électricité continuent de sévir, les secteurs de l'énergie, de l'élevage et de l'agriculture, attendent désespérément les premières pluies, tardives cette année. Mais dans les bas quartiers d'Antananarivo, où la saison des pluies s'annonce comme chaque année infernale, on s'y prépare avec appréhension.
À Andavamamba, des ouvriers forment des montagnes d'ordures dans le canal C3 bis, l'un des canaux d'évacuation d'eaux usées oublié de la plaine de la capitale de Madagascar. Transportés par camions, les déchets, dont l'accumulation est responsable chaque année d'inondations en série, doivent définitivement disparaître quelques heures plus tard.
Tojo, l'un des ouvriers chargés du curage, explique : « Ici, on souffre vraiment parce que quand l'eau déborde, ça nous arrive au milieu de la cuisse. Les meubles flottent partout dans la maison. Heureusement cette année, le curage devrait vraiment limiter les dégâts. »
Des pluies également synonymes de paralysie des activités économiques
Pour affronter cette période, les habitants misent d'abord sur des solutions de fortune pour protéger leur toit. Là où certains se contentent de briques pour surélever leurs meubles, Blandine a choisi une stratégie plus radicale. « Nous sommes certains que l'eau n'entrera plus dans notre maison, car on vient de surélever le plancher d'un mètre, lance-t-elle. Mais on a toujours peur que l'eau ramollisse les fondations de la maison et qu'elle finisse par s'écrouler ».
Dans les bas quartiers, les pluies sont également synonymes de paralysie des activités économiques pour les travailleurs journaliers. Face à des ruelles inondées et impénétrables, impossible pour les gargotiers, lavandières et porteurs d'eau, de travailler.
Si les autorités se rendent chaque année au chevet des sinistrés, les réponses d'urgence ne suffisent pas : en dehors des épisodes cycloniques, les fortes pluies ont fait à elles seules au moins 10 morts à Madagascar en 2024.